Александр Петрушевский - Генералиссимус князь Суворов

Voici le seul plan du général en gros; les détails dépendent des circonstances dont il doit être le maître. Les plans d'usage des Cabinets peuvent être pour la forme seule, puisqu'ils ne sont jamais accomplis, comme dernièrement la campagne devait finir sur l'Adda, et à son événement on était à Milan.

Ainsi Mars, guidé par son jugement et non par le cabinet enseveli dans son obscurité, répondra du général que dans son essor la Providence fera tout finir, même dans une seule campagne....

Commencer par la Suisse au premier chemin de neige, pour nous rendre aussitôt prêts, au printemps, à la grande opération;.... mais il ne faut que le général seul à la tête des armées combinées en cas qu'il ne marche pas sur la Vistule.... »

II.

Détails sur les opérations.

Côni doit être forcée au plus tôt et, par Nice, Gênes occupée. Froelich finit Aucune, se joint à Klenau et marche dessus, Gênes est peu de chose. Reste à nettoyer la rivière de Ponent. Après les dernières victoires de Mêlas, les ennemis n'y pouvaient avoir au-delà de 15.000 soldats, le reste est paysans; mais le sera vers le printemps.

De là une opération par le Dauphiné. Il faut établir notre dépôt à Turin; beaucoup d'armes à feu pour une contre-révolution; jadis les perches pointues suffirent contre les lances.

Franche-Comté…. Il faut commencer par délivrer la Suisse et au premier chemin de neige praticable. L'archiduc Charles y suffirait, vu qu'en dernier lieu à Zurich et ailleurs l'ennemi a perdu trois, quatre fois plus que les Autrichiens; même si on lui ajouterait et les Suisses. Mais si le général y serait destiné, il y agirait ensemble en chef.... On armera la Suisse pour sa propre défense et de sa milice on pourra tirer ce que l'on peut pour seconder la grande opération qui, après le repos dans les quartiers, aura lieu au printemps. Il serait bon de commencer par Mayence comme un poste de dépôt sûr. Au reste on y laissera un corps d'observation en proportion de la garnison, pour lui couper au moins les vivres, quoique sans cela ils y seraient abondants. Vers Kehl il y aura un corps volant.

Les habitants armés des Grisons, du Tirol, et je dirai même du Milanais, comme à dos, seront soutenus par quelques détachements encore, en tâchant de ne pas affaiblir les armées ainsi que la Romagne, la Toscane, etc. contre des descentes ennemies, qui sans cela seront toujours empêchées par nos flottes. Le Piémont sera toujours couvert par ses propres milices et l'armée coalisée du roi pourra se combiner pour entrer en France.

Si le général sera destiné pour opérer en chef par ce côté, il faut qu'il s'y tourne à temps avec son armée; alors il n'est plus temps qu'il s'amuse pour la Suisse; d'ici il ne peut sortir que par un grand détour....

III.

S. A. R. l'archiduc Charles nettoiera la Suisse, y érigera les braves milices en suffisance pour sa propre défense; en attendant elles pourraient rester neutres: il suffit qu'elle livre les levées auxiliaires. Il couvrira à son dos les pays par des troupes pour leur tranquillité. Il fera rester derrière lui des corps volants où bon lui semblera et.... avec l'armée impériale, Bavarois, Suisses etc. il pénétrera dans le royaume de France par la Franche-Comté. Dans ce pays, rendu ami par ses sages manifestes, il trouvera des subsistances, excepté ceux de réserve; il aura derrière lui de gros magasins ambulants en munitions de guerre, beaucoup d'armes à feu et bajonettes pour les contre-révolutionner: ainsi il avancera vers Paris.

Sur le même pied les Austro-Russes, garnissant les forts et les forteresses de troupes, comme ainsi le pays pour leur tranquillité autant qu'il faudra, auront leur principal dépôt en vivres et surtout un gros magasin en munitions de guerre et en armes à feu, pour les contre-révolutionner; pénétreront de l'Italie en France par le Dauphiué; il serait beau d'y avoir aussi une armée médiocre Piémontaise.... ses milices à part. Avec l'aide de Dieu on ira à Paris. Les Eusses marcheront en Italie pour s'y combiner et y arriveront à temps.

On risque beaucoup pour les descentes; néanmoins les Anglo-Piusses, s'ils le jugent à propos, en feront une sur les côtes de Normandie, pour tirer vers la Vendée et ensemble vers Paris. Si alors On pourra répondre du succès...., ce sera vers le temps lorsque telle armée se trouvera à mi-chemin de Paris: il n'est pas à douter que là les circonstances obligeront les athés à replier de la Hollande dans la France.