Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России

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Александр Герцен - Том 7. О развитии революционных идей в России краткое содержание

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Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя.

Седьмой том сочинений А. И. Герцена содержит произведения 1850–1852 годов. Помещенные в томе статьи появились впервые на иностранных языках и были обращены в первую очередь к западноевропейскому читателю, давая ему глубокую и правдивую информацию о России, русском народе, освободительном движении и культуре. В томе помещены также статья «Michel Bakounine» («Михаил Бакунин») и два открытых письма Герцена, относящихся к пережитой им в эти годы семейной драме.

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La civilisation nous perd, nous désoriente, c'est elle qui fait que nous sommes à charge aux autres et à nous-mêmes, désœuvrés, inutiles, capricieux; que nous passons de l'excentricité à la débauche, dépensant sans regret notre fortune, notre cœur, notre jeunesse, et cherchant des occupations, des sensations, des distractions, comme ces chiens d'Aix-la-Chapelle de Heine qui demandent aux passants, comme une grâce, un coup de pied pour les désennuyer. Nous faisons tout, de la musique, de la philosophie, de l'amour, de l'art militaire, du mysticisme, pour nous distraire, pour oublier le vide immense qui nous opprime.

Civilisation et esclavage, sans même qu'il y ait «un chiffon» entre les deux, pour empêcher que nous ne soyons pas broyés intérieurement ou extérieurement entre ces deux extrêmes forcément rapprochés!

On nous donne une éducation large, on nous inocule les désirs, les tendances, les souffrances du monde contemporain, et l'on nous crie: «Restez esclaves, muets, passifs, ou vous êtes perdus». En récompense, on nous laisse le droit d'écorcher le paysan et de dissiper sur le tapis vert ou au cabaret l'impôt de sang et de larmes que nous prélevons sur lui.

Le jeune homme ne rencontre aucun intérêt vivace dans ce monde de servilisme et d’ambition mesquine. Et pourtant, c’est dans cette société, qu’il est condamne à vivre, car le peuple encore plus élogné de iui. «Ce monde» est au moins composé d’étres déchus de la même espéce, tandit qu’il n’y a rien de commun entre lui et le peuple. Les traditions ont été si bien rompues par Pierre Ier qu'il n'y a pas de force humaine capable de les réunir, au moins quant à présent. Il nous reste l'isolement ou la lutte et nous n'avons pas assez de force morale ni pour le premier ni pour la seconde. C'est ainsi qu'on se fait Onéguine, si l'on ne périt pas dans les maisons publiques ou dans les casemates d'une forteresse.

Nous avons volé la civilisation, et Jupiter veut nous punir avec le même acharnement qu'il a mis à tourmenter Prométhée.

A côté d'Onéguine, Pouchkine a placé Vladimir Lénski, autre victime de la vie russe, le vice-versa d'Onéguine. C'est la souffrance aiguë, à côté de la souffrance chronique. C'est une de ces natures virginales, pures, qui ne peuvent s'acclimater dans un milieu corrompu et fou, qui ont accepté la vie, mais ne peuvent rien accepter de plus du sol immonde, si ce n'est la mort. Victimes expiatoires, ces adolescents passent jeunes, pâles, marqués au front par la fatalité, comme un reproehe, comme un remords et laissent encore plus noire la nuit triste dans laquelle «nous nous mouvons et sommes».

Pouchkine a tracé le caractère de Lénski avec cette tendresse, qu'on a pour les rêves de sa jeunesse, pour les réminiscences de ce temps où l'on a été si plein d'espérance, de pureté, d'ignorance. Lénski est le dernier cri de conscience d'Onéguine, car c'est lui-oiênie, c'est son idéal de jeunesse. Le poète a vu qu'un tel homme l'avait rien à faire en Russie, il l'a tué da la main d'Onéguine, d'Onéguine qui l'aimait et qui, en le visant, ne voulait pas le blesser. Pouchkine s'est effrayé lui-même de cette fin tragique, il se presse de consoler le lecteur, en lui traçant la vie banale qui attendait le jeune poète.

A côté de Pouchkine se place aussi un Lénski – ce fut Vénévitinoff, âme candide et poétique écrasée par les mains grossieres de la vie russe, à vingt-deux ans.

Entre ces deux types, entre l'enthousiaste dévoué, entre le poète, et de l'autre côté, l'homme fatigué, aigri, inutile; entre la tombe de Lénski et l'ennui d'Onéguine, se traîne le fleuve profond et bourbeux de la Russie civilisée, avec ses aristocrates, bureaucrates, officiers, gendarmes, grands-ducs et empereur, masse informe et muette de bassesse, de servilisme, de lérocité et d'envie, qui entraîne et engloutit tout, «ce goultre, comme dit Pouchkine, où, cher lecteur, nous nous baignons avec vous».

Pouchkine a débuté par des poésies révolutionnaires d'une grande beauté. Alexandre l'a exilé de Pétersbourg sur les confins méridionaux de l'empire; nouvel Ovide, il passa l'époque de sa vie de 1819 à 1825 dans la Chersonese taurique. Séparé de ses amis, loin du mouvement politique, au centre d'une nature magnifique mais sauvage, Pouchkine, poète avant tout, se concentra dans son lyrisme; ses pièces lyriques sont les phases de sa vie, la biographie de son âme; on y trouve les vestiges de tout ce qui émouvait cette âme de feu, la vérité et l'erreur, l'entraînement passager d'un moment et les sympathies profondes et éternelles. Nicolas rappela Pouchkine de l'exil quelques jours après avoir fait pendre les héros du 14 décembre. Il voulut le perdre dans l'opinion publique par sa grâce, le réduire par ses bontés.

Pouchkine rentra et ne reconnut plus ni la société de Moscou ni la société de Pétersbourg. Il ne trouva plus ses amis, on n'osait même pas proférer leur nom, on ne parlait que d'arrestations, de visites domiciliaires, d'exil; tout était sombre et terrifié. Il rencontra un instant Mickiewicz, cet autre poète slave; ils se tendirent la main comme au milieu d'un cimetière. L'orage grondait sur leurs têtes: Pouchkine revenait de l'exil, Mickiewicz s'y rendait. Leur entrevue fut lugubre, mais ils ne se comprirent pas. Le cours de Mickiewicz, au Collège de France, a mis au jour le dissentiment qui existait entre eux; pour un Polonais et un Russe le temps de se comprendre n'était pas encore arrivé.

Nicolas, continuant la comédie, nomma Pouchkine gentilhomme de la chambre. Celui-ci saisit le trait et ne vint pas à la cour. On lui présenta alors l'alternative de se rendre au Caucase ou de revêtir l'habit de cour. Il était déjà marié à une femme qui a causé ensuite sa perte, un second exil qui paraissait plus pénible que le premier, – il opta pour la cour. On reconnaît le mauvais côté du caractère russe dans ce manque de fierté, de résistance, dans cette souplesse douteuse.

Le grand-duc héritier le complimentant un jour à l'occasion de sa promotion, «Altesse, lui répondit Pouchkine, vous êtes le premier qui me félicitez à ce sujet».

En 1837, Pouchkine fut tué en duel par un de ces spadassins étrangers qui, comme les mercenaires du moyen âge ou les Suisses de nos jours, vont mettre leur épée au service de tout despotisme. Il tomba au milieu de la plénitude de ses forces, sans avoir achevé ses chants, sans avoir dit ce qu'il avait à dire.

Tout Pétersbourg, à l'exception de la cour et de son entourage, pleura; ce fut alors seulement qu'on vit quelle popularité il avait acquise. Pendant son agonie, une foule compacte se pressait autour de sa maison pour avoir des nouvelles de sa santé. Comme c'était à deux pas du Palais d'hiver, l'empereur put, de ses fenêtres, contempler la foule; il en conçut de la jalousie et confisqua au public les funérailles du poète; on transporta furtivement, par une nuit glaciale, le corps de Pouchkine, entouré de gendarmes et d'agents de police, dans une tout autre église que celle de sa paroisse; là, un prêtre lut hâtivement la messe des morts, un traîneau emporta le corps du poète dans un couvent du gouvernement de Pskov, où se trouvaient ses terres. Lorsque la foule ainsi trompée se porta à l'église où avait été déposé le défunt, la neige avait déjà effacé toute trace du convoi.

Un sort terrible et sombre est réservé chez nous à quiconque ose lever la tête au-dessus du niveau tracé par le sceptre impénal; poète, citoyen, penseur, une fatalité inexorable les pousse dans la tombe. L'histoire de notre littérature est un martyrologe ou un registre des bagnes. Ceux-mêmes que le gouvernement a'épargnés périssent, à peine éclos, se pressant de quitter la vie. Là sotto i giorni brevi e nebulosi Nasce una goûte a cui il morir non duole.

Ryléieff pendu par Nicolas.

Pouchkine tué dans un duel, à trente-huit ans.

Griboïédoff assassiné à Téhéran.

Lermontoff tué dans un duel, à 30 ans, au Caucase.

Vénévitinoff tué par la société, à vingt-deux ans.

Koltzoff tué par sa famille, à trente-trois ans.

Bélinnski tué, à trente-cinq ans, par la faim et la misère.

Poléjaïetf mort dans un hôpital militaire, après avoir été forcé de servir comme soldat au Caucase pendant huit années.

Baratynski mort après un exil de douze ans.

Bestoujeff succombé au Caucase tout jeune encore, après les travaux forcés en Sibérie…

«Malheur, dit l'Ecriture, aux peuples qui lapident leurs prophètes!» Mais le peuple russe n'a rien à craindre, car il n'y a rien à ajouter à son malheureux sort.

V

La littérature et l'opinion publique après le 14 décembre 1825

Les vingt-cinq années qui suivent le 14 (26) décembre sont plus ditficiles à caractériser que toute l'époque écoulée depuis Pierre Ier. Deux courants en sens inverse, l'un à la surlace, l'autre à une profondeur où on le distingue à peine, embrouillent l'observation. A l'apparence, la Russie restait immobile, elle paraissait même reculer; mais, au fond, tout prenait une face nouvelle, les questions devenaient plus compliquées, les solutions moins simples.

A la surface de la Russie officielle, «de l'empire des façades», on ne voyait que des pertes, une réaction féroce, des persécutions inhumaines, un redoublement de despotisme. On voyait Nicolas entouré de médiocrités, de soldats de parades, d'Allemands de la Baltique et de conservateurs sauvages, lui-même méfiant, froid, obstiné, sans pitié, sans hauteur d'âme, médiocre comme son entourage. Immédiatement au-dessous de lui se rangeait la haute société qui, au premier coup de tonnerre qui éclata sur sa tête après le 14 décembre, avait perdu les notions à peine acquises d'honneur et de dignité. L'aristocratie russe ne se releva plus sous le règne de Nicolas, sa fleuraison était passée; tout ce qu'il y avait de noble et de généreux dans son sein était aux mi-Qes ou en Sibérie. Ce qui restait ou se maintint dans les bonnes grâces du maître, tomba à ce degré d'abjection ou dе servilisme qu'on connaît par le tableau qu'en a tracé M. de Custine.

Venaient ensuite les officiers de la garde; de brillants et civilisés ils devinrent de plus en plus des sergents encroûtés. Jusqu'à l'année 1825, tout ce qui portait l'habit civil reconnaissait la supériorité des epaulettes. Pour être comme il faut, il fallait avoir servi une couple d'années à la garde, ou au moins dans la cavalerie. Les officiers étaient l'âme des réunions, les héros des fêtes et des bals, et, pour dire la vérité, cette prédilection n'était pas dénuée de fondement. Les militaires étaient plus indépendants et se tenaient sur un pied plus digne que les bureaucrates rampants et pusillanimes. Les choses prirent une autre face, la garde partagea le sort de l'aristocratie; les meilleurs officiers étaient exilés, un grand nombre d'autres abandonnèrent le service, ne pouvant supporter le ton grossier et impertinent introduit par Nicolas. On se hâtait de remplir les places vides par de bons troupiers ou des piliers de caserne et de manège. Les officiers tombèrent dans l'estime de la société, l'habit noir prit le dessus, et l'uniforme ne domina que dans les petites villes de province et à la cour, ce premier corps de garde de l'empire. Les membres de la famille impériale, de même que son chef, marquent, pour les militaires, une préférence outrée et illicite dans leur position. La froideur du public pour l'uniforme n'allait cependant pas jusqu'à l'admission des employés civils dans la société. Même dans les provinces, on avait une répulsion invincible pour eux, ce qui n'empêcha pas du reste que l'influence des bureaucrates ne s'accrût. Toute l'administration devint, d'aristocratique et d'ignorante qu'elle était, rabuliste et mesquine, après 1825. Les ministères se changèrent en bureaux, leurs chefs et les fonctionnaires supérieurs devinrent des hommes d'affaires ou des scribes. Ils étaient par rapport au civil ce que les troupiers désespérants étaient à la garde. Connaisseurs consommés de toutes les formalités, exécuteurs froids et dépourvus de raisonnement des ordres supérieurs, ils étaient dévoués au gouvernement par amour de concussion. Il fallait à Nicolas de tels officiers et de tels administrateurs.

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