Луи-Фердинанд Селин - Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке

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    Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке
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    978-5-9925-1311-0
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Луи-Фердинанд Селин - Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке краткое содержание

Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке - описание и краткое содержание, автор Луи-Фердинанд Селин, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки LibKing.Ru
Роман французского писателя Луи-Фердинанда Селина «Путешествие на край ночи», написанный в 1932 году, является одним из важнейших произведений французской литературы XX в. Исповедь интеллигентного человека, представителя «потерянного поколения» прошедших сквозь ужасы Первой мировой войны и разуверившихся в жизни, была с восторгом принята частью литераторов – достаточно упомянуть Генри Миллера и Чарльза Буковски – и категорически отрицалась другими. Книга адресована всем любителям современной французской литературы.

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J’essayai de me rappeler et de comprendre le sens de cette allocution qu’il venait de prononcer, l’homme aux yeux splendides, mais loin, moi, de m’attrister elles me parurent en y réfléchissant, ces paroles, extraordinairement bien faites pour me dégoûter de mourir. C’était aussi l’avis des autres camarades, mais ils n’y trouvaient pas au surplus comme moi, une façon de défi et d’insulte. Eux ne cherchaient guère à comprendre ce qui se passait autour de nous dans la vie, ils discernaient seulement, et encore à peine, que le délire ordinaire du monde s’était accru depuis quelques mois, dans de telles proportions, qu’on ne pouvait décidément plus appuyer son existence sur rien de stable.

Ici à l’hôpital, tout comme dans la nuit des Flandres la mort nous tracassait; seulement ici, elle nous menaçait de plus loin la mort irrévocable tout comme là-bas, c’est vrai, une fois lancée sur votre tremblante carcasse par les soins de l’Administration.

Ici, on ne nous engueulait pas, certes, on nous parlait même avec douceur, on nous parlait tout le temps d’autre chose que de la mort, mais notre condamnation figurait toutefois, bien nette au coin de chaque papier qu’on nous demandait de signer, dans chaque précaution qu’on prenait à notre égard: Médailles… Bracelets… La moindre permission… N’importe quel conseil… On se sentait comptés, guettés, numérotés dans la grande réserve des partants de demain. Alors forcément, tout ce monde civil et sanitaire ambiant avait l’air plus léger que nous, par comparaison. Les infirmières, ces garces, ne le partageaient pas, elles, notre destin, elles ne pensaient par contraste, qu’à vivre longtemps, et plus longtemps encore et à aimer c’était clair, à se promener et à mille et dix mille fois faire et refaire l’amour. Chacune de ces angéliques tenait à son petit plan dans le périnée, comme les forçats, pour plus tard, le petit plan d’amour, quand nous serions, nous, crevés dans une boue quelconque et Dieu sait comment!

Elles vous auraient alors des soupirs remémoratifs spéciaux de tendresse qui les rendraient plus attrayantes encore, elles évoqueraient en silences émus, les tragiques temps de la guerre, les revenants… « Vous souvenez-vous du petit Bardamu, di-raient-elles à l’heure crépusculaire en pensant à moi, celui qu’on avait tant de mal à empêcher de tousser?.. Il en avait un mauvais moral celui-là, le pauvre petit… Qu’a-t-il pu devenir? »

Quelques regrets poétiques placés à propos siéent à une femme aussi bien que certains cheveux vaporeux sous les rayons de la lune.

À l’abri de chacun de leurs mots et de leur sollicitude, il fallait dès maintenant comprendre: « Tu vas crever gentil militaire… Tu vas crever… C’est la guerre… Chacun sa vie… Chacun son rôle… Chacun sa mort… Nous avons l’air de partager ta détresse… Mais on ne partage la mort de personne… Tout doit être aux âmes et aux corps bien portants, façon de distraction et rien de plus et rien de moins, et nous sommes nous des solides jeunes filles, belles, considérées, saines et bien élevées… Pour nous tout devient, biologie automatique, joyeux spectacle et se convertit en joie! Ainsi l’exige notre santé! Et les vilaines licences du chagrin nous sont impossibles… Il nous faut des excitants à nous, rien que des excitants… Vous serez vite oubliés, petits soldats… Soyez gentils, crevez bien vite… Et que la guerre finisse et qu’on puisse se marier avec un de vos aimables officiers… Un brun surtout!.. Vive la Patrie dont parle toujours papa!.. Comme l’amour doit être bon quand il revient de la guerre!.. Il sera décoré notre petit mari!.. Il sera distingué… Vous pourrez cirer ses jolies bottes le beau jour de notre mariage si vous existez encore à ce moment-là, petit soldat… Ne serez-vous pas alors heureux de notre bonheur, petit soldat?.. »

Chaque matin, nous le revîmes, et le revîmes encore le médecin‐chef, suivi de ses infirmières. C’était un savant, apprîmes-nous. Autour de nos salles réservées venaient trotter les vieillards de l’hospice d’à côté en bonds inutiles et disjoints. Ils s’en allaient crachoter leurs cancans avec leurs caries d’une salle à l’autre, porteurs de petits bouts de ragots et médisances éculées. Ici cloîtrés dans leur misère officielle comme au fond d’un enclos baveux, les vieux travailleurs broutaient toute la fiente qui dépose autour des âmes à l’issue des longues années de servitude. Haines impuissantes, rancies dans l’oisiveté pisseuse des salles communes. Ils ne se servaient de leurs ultimes et chevrotantes énergies que pour se nuire encore un petit peu et se détruire dans ce qui leur restait de plaisir et de souffle.

Suprême plaisir! Dans leur carcasse racornie il ne subsistait plus un seul atome qui ne fût strictement méchant.

Dès qu’il fut entendu que nous partagerions, soldats, les commodités relatives du bastion avec ces vieillards, ils se mirent à nous détester à l’unisson, non sans venir toutefois en même temps mendier et sans répit nos résidus de tabac à la traîne le long des croisées et les bouts de pain rassis tombés dessous les bancs. Leurs faces parcheminées s’écrasaient à l’heure des repas contre les vitres de notre réfectoire. Il passait entre les plis chassieux de leurs nez des petits regards de vieux rats convoiteux. L’un de ces infirmes paraissait plus astucieux et coquin que les autres, il venait nous chanter des chansonnettes de son temps pour nous distraire, le père Birouette qu’on l’appelait. Il voulait bien faire tout ce qu’on voulait pourvu qu’on lui donnât du tabac, tout ce qu’on voulait sauf passer devant la morgue du bastion qui d’ailleurs ne chômait guère. L’une des blagues consistait à l’emmener de ce côté-là, soi-disant en promenade. « Tu veux pas entrer? » qu’on lui demandait quand on était en plein devant la porte. Il se sauvait alors bien râleux mais si vite et si loin qu’on ne le revoyait plus de deux jours au moins, le père Birouette. Il avait entrevu la mort.

Notre médecin-chef aux beaux yeux, le professeur Bestombes, avait fait installer pour nous redonner de l’âme, tout un appareillage très compliqué d’engins électriques étincelants dont nous subissions les décharges périodiques, effluves qu’il prétendait toniques et qu’il fallait accepter sous peine d’expulsion. Il était fort riche, semblait-il, Bestombes, il fallait l’être pour acheter tout ce coûteux bazar électrocuteur. Son beau-père, grand politique, ayant puissamment tripoté au cours d’achats gouvernementaux de terrains, lui permettait ces largesses.

Il fallait en profiter. Tout s’arrange. Crimes et châtiments. Tel qu’il était, nous ne le détestions pas. Il examinait notre système nerveux avec un soin extraordinaire, et nous interrogeait sur le ton d’une courtoise familiarité. Cette bonhomie soigneusement mise au point divertissait délicieusement les infirmières, toutes distinguées, de son service. Elles attendaient chaque matin, ces mignonnes, le moment de se réjouir des manifestations de sa haute gentillesse, c’était du nanan. Nous jouions tous en somme dans une pièce où il avait choisi lui Bestombes le rôle du savant bienfaisant et profondément, aimablement humain, le tout était de s’entendre.

Dans ce nouvel hôpital, je faisais chambre commune avec le sergent Branledore, rengagé; c’était un ancien convive des hôpitaux, lui, Branledore. Il avait traîné son intestin perforé depuis des mois, dans quatre différents services.

Il avait appris au cours de ces séjours à attirer et puis à retenir la sympathie active des infirmières. Il rendait, urinait et coliquait du sang assez souvent Branledore, il avait aussi bien du mal à respirer, mais cela n’aurait pas entièrement suffi à lui concilier les bonnes grâces toutes spéciales du personnel traitant qui en voyait bien d’autres. Alors entre deux étouffements s’il y avait un médecin ou une infirmière à passer par là: « Victoire! Victoire! Nous aurons la Victoire! » criait Branledore, ou le murmurait du bout ou de la totalité de ses poumons selon le cas. Ainsi rendu conforme à l’ardente littérature agressive, par un effet d’opportune mise en scène, il jouissait de la plus haute cote morale. Il le possédait, le truc, lui.

Comme le Théâtre était partout il fallait jouer et il avait bien raison Branledore; rien aussi n’a l’air plus idiot et n’irrite davantage, c’est vrai, qu’un spectateur inerte monté par hasard sur les planches. Quand on est là-dessus, n’est-ce pas, il faut prendre le ton, s’animer, jouer, se décider ou bien disparaître. Les femmes surtout demandaient du spectacle et elles étaient impitoyables, les garces, pour les amateurs déconcertés. La guerre, sans conteste, porte aux ovaires, elles en exigeaient des héros, et ceux qui ne l’étaient pas du tout devaient se présenter comme tels ou bien s’apprêter à subir le plus ignominieux des destins.

Après huit jours passés dans ce nouveau service, nous avions compris l’urgence d’avoir à changer de dégaine et, grâce à Branledore (dans le civil placier en dentelles), ces mêmes hommes apeurés et recherchant l’ombre, possédés par des souvenirs honteux d’abattoirs que nous étions en arrivant, se muèrent en une satanée bande de gaillards, tous résolus à la victoire et je vous le garantis armés d’abattage et de formidables propos. Un dru langage était devenu en effet le nôtre, et si salé que ces dames en rougissaient parfois, elles ne s’en plaignaient jamais cependant parce qu’il est bien entendu qu’un soldat est aussi brave qu’insouciant, et grossier plus souvent qu’à son tour, et que plus il est grossier et que plus il est brave.

Au début, tout en copiant Branledore de notre mieux, nos petites allures patriotiques n’étaient pas encore tout à fait au point, pas très convaincantes. Il fallut une bonne semaine et même deux de répétitions intensives pour nous placer absolument dans le ton, le bon.

Dès que notre médecin, professeur agrégé Bestombes, eut noté, ce savant, la brillante amélioration de nos qualités morales, il résolut, à titre d’encouragement, de nous autoriser quelques visites, à commencer par celles de nos parents.

Certains soldats bien doués, à ce que j’avais entendu conter, éprouvaient quand ils se mêlaient aux combats, une sorte de griserie et même une vive volupté. Dès que pour ma part j’essayais d’imaginer une volupté de cet ordre bien spécial, je m’en rendais malade pendant huit jours au moins. Je me sentais si incapable de tuer quelqu’un, qu’il valait décidément mieux que j’y renonce et que j’en finisse tout de suite. Non que l’expérience m’eût manqué, on avait même fait tout pour me donner le goût, mais le don me faisait défaut. Il m’aurait fallu peut-être une plus lente initiation.

Je résolus certain jour de faire part au professeur Bestombes des difficultés que j’éprouvais corps et âme à être aussi brave que je l’aurais voulu et que les circonstances, sublimes certes, l’exigeaient. Je redoutais un peu qu’il se prît à me considérer comme un effronté, un bavard impertinent… Mais point du tout. Au contraire! Le Maître se déclara tout à fait heureux que dans cet accès de franchise je vienne m’ouvrir à lui du trouble d’âme que je ressentais.

« Vous allez mieux Bardamu, mon ami! Vous allez mieux, tout simplement! » Voici ce qu’il concluait. « Cette confidence que vous venez me faire, absolument spontanément, je la considère, Bardamu, comme l’indice très encourageant d’une amélioration notable de votre état mental… Vaudesquin, d’ailleurs, cet observateur modeste, mais combien sagace, des défaillances morales chez les soldats de l’Empire, avait résumé, dès 1802, des observations de ce genre dans un mémoire à présent classique, bien qu’injustement négligé par nos étudiants actuels, où il notait, dis-je, avec beaucoup de justesse et de précision des crises dites d’“aveux”, qui surviennent, signe entre tous excellent, chez le convalescent moral… Notre grand Dupré, près d’un siècle plus tard, sut établir à propos du même symptôme sa nomenclature désormais célèbre où cette crise identique figure sous le titre de crise du “rassemblement des souvenirs”, crise qui doit, selon le même auteur, précéder de peu, lorsque la cure est bien conduite, la débâcle massive des idéations anxieuses et la libération définitive du champ de la conscience, phénomène second en somme dans le cours du rétablissement psychique. Dupré donne d’autre part, dans sa terminologie si imagée et dont il avait l’apanage, le nom de “diarrhée cogitive de libération à cette crise qui s’accompagne chez le sujet d’une sensation d’euphorie très active, d’une reprise très marquée de l’activité de relations, reprise, entre autres, très notable du sommeil, qu’on voit se prolonger soudain pendant des journées entières, enfin autre stade: suractivité très marquée des fonctions génitales, à tel point qu’il n’est pas rare d’observer chez les mêmes malades auparavant frigides, de véritables “fringales érotiques”. D’où cette formule: “Le malade n’entre pas dans la guérison, il s’y rue!” Tel est le terme magnifiquement descriptif, n’est-ce pas, de ces triomphes récupératifs, par lequel un autre de nos grands psychiatres français du siècle dernier, Philibert Margeton, caractérisait la reprise véritablement triomphale de toutes les activités normales chez un sujet convalescent de la maladie de la peur… Pour ce qui vous concerne, Bardamu, je vous considère donc et dès à présent, comme un véritable convalescent… Vous intéressera-t-il, Bardamu, puisque nous en sommes à cette satisfaisante conclusion, de savoir que demain, précisément, je présente à la Société de Psychologie militaire un mémoire sur les qualités fondamentales de l’esprit humain?.. Ce mémoire est de qualité, je le crois.

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