Александр Герцен - Том 11. Былое и думы. Часть 6-8
- Название:Том 11. Былое и думы. Часть 6-8
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- Издательство:Издательство АН СССР
- Год:1957
- Город:Москва
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Александр Герцен - Том 11. Былое и думы. Часть 6-8 краткое содержание
Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя.
В томах VIII–XI настоящего издания печатается крупнейшее художественное произведение Герцена – его автобиография «Былое и думы».
Настоящий том содержит VI, VII и VIII части «Былого и дум». В томе помещены также другие редакции глав и автоперевод главы «Роберт Оуэн» (ч. VI).
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La différence consiste en cela que l’état de l’un est pathologique – tandis que chez l’autre – c’est une phase d’embryogénie. Une huître représente un degré de développement de l’organisme dans lequel les extrémités ne sont pas encore formées, de fait elle est boiteuse – mais non de la même manière comme un quadrupède qui aurait perdu ses jambes. Nous le savons (mais les huîtres ne s’en doutent pas) que les essais organiques peuvent parvenir à former les jambes et les ailes – et nous regardons les mollusques – comme une vague encore montante des formes animales; tandis que le quadrupède boiteux – c’est déjà la vague descendante qui va se perdre dans l’océan des éléments et ne représente rien qu’un particulier de l’agonie ou de la mort.
Owen, convaincu que l’organisme avec des extrémités développées est supérieur à l’organisme apode, qu’il est préférable de marcher et de voler comme un lièvre ou un oiseau que de dormir éternellement dans une coquille, convaincu de plus de la possibilité de développer des pauvres parties d’un mollusque – les jambes et les ailes – il s’est tellement entraîné – qu’il crie aux huîtres: «Prenez vos coquilles et marchez!»
Les huîtres s’en offencèrent, le prirent pour un antimollusque – c’est-à-dire pour un être immoral dans le sens des vrais habitants des coquilles – et le maudirent. Tout cela est parfaitement naturel.
«…Le caractère des hommes se détermine essentiellement par les circonstances qui les entourent… La société peut facilement combiner ces conditions de manière qu’elles puissent faciliter le développement intellectuel et pratique en conservant toutes les nuances individuelles».
Tout cela est clair, et il faut avoir un degré peu commun de faiblesse d’entendement – pour ne pas comprendre ces vérités. Au reste, on ne les a jamais réfutées. Contredire par la majorité des voix, par l’immoralité de la doctrine, par son désaccord avec une telle religion ou une telle autre – n’est pas une réfutation.
Dans le pire des cas de pareilles réfutations ne peuvent aboutir qu’à la triste constatation d’une incompatibilité flagrante entre la vérité – et la morale à la sanction de l’utilité du mensonge et du danger de la vérité.
Le talon d’Achille n’est pas dans les principes d’Owen, mais bien dans sa conviction que cela soit facile pour la société de comprendre ces simples vérités. Toute sainte erreur d’amour, d’impatience par lesquelles ont passé tous les précurseurs d’une nouvelle ère – depuis Jésus Christ et Thomas Münster, à Saint-Simon et Fourier.
Ils ont oublié que l’intelligence chronique consiste précisément en cela que les hommes subissent l’influence de la réfraction historique et projettent les objets loin de leur véritable position. En général les hommes comprennent le moins facilement les choses simples – tandis qu’ils sont prêts à croire, et plus que cela, à croire qu'ils les comprennent – les choses les plus compliquées, les plus extravagantes et par leur nature totalement incompréhensibles – mais que la tradition et l’habitude leur ont rendues familières.
Simple – facile! Mais est-ce que le simple est toujours facile?
Positivement – il est plus simple de respirer par l’air que par l’eau – mais il faut avoir des poumons pour cela – et comment se développeraient les poumons chez un poisson – qui a besoin d’un appareil respiratoire bien plus compliqué – pour gagner un peu d’oxygène de l’eau qui l’entoure? – Le milieu dans lequel le poisson existe n’appelle pas l’organe à la simplicité des poumons – il est trop dense et l’organe est ad hoc. La densité morale dans laquelle grandirent les auditeurs de Owen – a conditionné des bronches morales adéquates au milieu et la respiration d’un air plus raréfié, plus pur – doit nécessairement produire un malaise, une irritation et partant de là une aversion.
Ne pensez pas qu’il n’y ait là qu’une comparaison extérieure… C’est une analogie réelle qui existe entre des phénomènes homologues – dans leurs phases de développement – corrélation.
Facile à comprendre! Facile à changer! De grâce… pour qui? Serait-ce par hasard pour cette foule qui remplit l’immense transcept du Crystall palace – pour écouter avec ferveur et applaudissements les sermons d’un plat bachelier du moyen âge qui s’est égaré dans notre siècle et qui menace la foule par les maux terrestres et les foudres du ciel – en une langue vulgaire et baroque du célèbre capucin de Wallenstein's Lager? Ce n’est pas facile pour eux!
Les hommes sacrifient une part de leur avoir, de leur indépendance, ils se soumettent aux autorités, ils arment à grands frais des masses de fainéants, – ils bâtissent des prisons, des tribunaux, des cathédrales – enfin ils arrangent toute la société de manière – que le refractaire de quelque côté qu’il se tourne – rencontre ou un bourreau temporel – le menaçant de la corde prête à tout finir, on un bourreau céleste – le menaçant d’un feu qui brûlera éternellement. Le but de tout cela est l’intimidation de l’homme pour contenir ses passions qui tendent à déborder et détruire la sécurité sociale.
Au milieu de tout cela – paraît un homme étrange qui avec une naïveté offensante prêche à haute voix que tout cela n’a pas de sens commun, que l’homme n’est pas un criminel par droit de naissance, qu’il est innocent et irresponsable comme tous les autres animaux – mais qu’il a un avantage immence sur eux – c’est qu’il est beaucoup plus éducable. Partant de là, cet homme ose affirmer en présence des juges et des prêtres qui n’ont d’autres raisons d’extistence que le châtiment et l’absolution – que l’homme ne fait pas lui-même son caractère,comme il ne fait pas sa vue ou son nez; que si l’on mettait l’homme dans des circonstances qui ne le provoqueraient pas aux vices – cela serait un brave homme. Tandis que maintenant la société le déprave – et les juges punissent non la société – mais l’individu.
Et R. Owen pensait que c’est facile à comprendre? Allons donc!
Il ne savait pas probablement qu’il est beaucoup plus facile pour nous de comprendre qu’on a pendu un chat – convaincu d’un souricide prémédité, de comprendre qu’un chien a reçu la croix de la légion canine – pour le zèle qu’il a déployé dans l’arrestation d’un lièvre – que de s’imaginer un enfant de deux ans – qui n’a pas été puni pour une espièglerie?
Ce n’est pas facile de se convaincre que la vengeance soutenue par la société entière contre le criminel est lâche, et qu’entrer en concurrence avec lui et lui faire – à propos délibéré, froidement et avec toute la sécurité possible autant de mal qu’il a fait, entraîné par les circonstances et les passions, à ses risques et périls – est infâme et stupide. C’est beaucoup trop raréfié pour nos bronches… cela les écorche… Nous nous sommes habitués à entendre les cris des hommes martyrisés par la torture ou mourants defaim… Cela rend l’organe dur!
Dans l’obstination timide et acharnée des masses… à se cramponner aux formes étroites et vieillies – il y a une reminiscence instinctive – de grands services rendus par elles. C’est un reflet de gratitude au prêtre et au bourreau. Car le gibet et l’autel, la crainte de la mort et la crainte de Dieu, la peine capitale et l’immortalité de l’âme, la cour criminelle et le dernier jugement… tout cela, il fut un temps, étaient des marche-pieds pour le progrès, – c’étaient des échafaudages, des échelles par lesquelles les hommes atteignaient la tranquillité de la vie sociale, c’étaient des pirogues dans lesquelles, bafoués par tous les vents, sans connaître de route, ils arrivèrent peu à peu – dans les ports – où on pouvait enfin se reposer un peu – du travail de la terre et du travail de sang, trouver un peu de loisir et de cette sainte oisiveté qui est la première condition du progrès, de l’art, de la poésie, de la liberté.
Pour conserver ce peu de repos acquis, les hommes entourèrent leurs ports – de phantômes et d’instruments de torture. Ils donnèrent à leur roi – un bâton et une hâche, ils reconnurent au prêtre le droit de maudire et de bénir, de faire descendre des cieux les foudres – pour les mauvais, et la pluie génératrice – pour les bons.
Mais comment donc les hommes inventèrent eux-mêmes des épouvantails – et en ont eu peur? Les épouvantails n’étaient pas toujours phantastiques – et lorsqu’on s’approche de nos jours des villes en Asie Centrale, par un petit chemin bordé de gibets, sur lesquels sont perchés – des squelettes contordus – il y a de quoi réfléchir… Secondement, il n’y a pas d’invention préméditée; nécessité de défense et l’imagination ardente de l’enfance – menèrent les hommes à ces créations devant lesquelles ils s’inclinèrent eux-mêmes. Les premières luttes des races – des tribus – devaient aboutir à la conquête. L’esclavage des conquis était le berceau de l’Etat, de la civilisation, de la liberté. L’esclavage mettant en opposition une minorité des forts – avec une multitude des faibles – permit au conquérant de manger plus et travailler moins, – ils inventèrent des freins pour les conquérir – et se prirent eux-mêmes en partie par ces freins. Le maître et l’esclave croyaient naïvement que les lois étaient dictées au milieu des éclairs et orage par Iehova au mont Sinaï – ou doucement chuchotées à l’oreille du législateur par quelque esprit intestinal…
Pourtant à travers une infinité de décors et des habits les plus bariolés – il est facile de reconnaître les bases invariables qui ne font que se modifier, restant les mêmes depuis le commencement de la société jusqu’à nos jours – dans chaque église, dans chaque tribunal. Le juge en robe et perruque blanche, avec une plume derrière l’oreille et le juge tout nu, tout noir, avec une plume à travers le nez – ne doutent pas que dans de certaines circonstances tuer un homme – n’est pas seulement un droit – mais un devoir.
La même chose dans les affaires de religion. La ressemblance entre l’incohérente absurdité des conjurations et exorcismes employés par un chaman sauvage ou un prêtre de quelque tribu qui se cache dans la foule – et le fatras de rhétorique bien arrangée d’un archevêque saute aux yeux. L’essence de la question religieuse – n’est pas dans la forme et la beauté de la conjuration – mais dans la foi en un monde existant hors des frontières du monde matériel, agissant sans corps, sentant sans nerfs, raisonnant sans cervelle et par dessus ayant une action immédiate sur nous non seulement après notre passage à l’état d’éther – mais même de notre vivant. C’est le fond – tout le reste n’est que nuance et détail. Les dieux de l’Egypte avec la tête canine, les dieux de la Grèce avec leur beauté plastique, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Joseph-Mazzini et de Pierre-le-Roux c’est toujours le Dieu si clairement défini par l’Alcoran: «Dieu est Dieu!»
Et jusqu’à ce qu’il en reste quelque chose d’extramondain – le développement peut aussi aller jusqu’à une certaine limite – et pas plus loin. La chose la plus difficile à passer dans un Etat c’est la frontière.
Le catholicisme – religion des masses et des olygarches – nous opprime plus, mais ne rétrécit pas autant l’esprit – comme le catholicisme bourgeois du protestantisme. Mais l’église sans église, le déisme rationnel se faisant en même temps logique médiocre et religion bâtarde est indéracinable chez les hommes qui n’ont pas assez d’esprit – pour raisonner jusqu’au bout, ni assez de cœur – pour croire sans raisonner [729].
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