Александр Герцен - Том 11. Былое и думы. Часть 6-8
- Название:Том 11. Былое и думы. Часть 6-8
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- Издательство:Издательство АН СССР
- Год:1957
- Город:Москва
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Александр Герцен - Том 11. Былое и думы. Часть 6-8 краткое содержание
Настоящее собрание сочинений А. И. Герцена является первым научным изданием литературного и эпистолярного наследия выдающегося деятеля русского освободительного движения, революционного демократа, гениального мыслителя и писателя.
В томах VIII–XI настоящего издания печатается крупнейшее художественное произведение Герцена – его автобиография «Былое и думы».
Настоящий том содержит VI, VII и VIII части «Былого и дум». В томе помещены также другие редакции глав и автоперевод главы «Роберт Оуэн» (ч. VI).
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Le roi chasseur qui juge avec sa lance et sa hâche peut très facilement changer de rôle – si la lance de l’accusé est la plus longue. Le juge avec la plume à travers le nez sera probablement entraîné par les passions et provoquera ou un soulèvement ou uneopposition passive de défiance et de terreur mêlée avec du mépris, comme en Russie – où l’on se soumet à la décision d’un tribunal – comme on se soumet au typhus, au malheur d’avoir rencontré un ours. Autre chose dans les pays où la législation est respectée de part et d’autre – la stabilité est autrement grande, personne ne doute dans la justice du tribunal – sans même excepter le patient qui joue le premier rôle et qui s’achemine vers la potence – dans la plus profonde conviction de l’urgente nécessité qu’on le pende.
Outre la crainte de liberté, cette crainte que sentent les enfants lorsqu’ils commencent à marcher seuls, outre l’attachement d’une longue habitude – à toutes ces cordes et garde-foux – couverts de sang et de sueur, outre la vénération pour ces bateaux – arches de salut – dans lesquels les peuples ont traversé maintes orages – il y a encore d’autres contreforces qui soutiennent ces formes croulantes. Le peu d’intelligence de la foule ne peut pas comprendre un nouvel ordre de choses, et la préoccupation timorée des propriétaires ne le veut pas. La classe la plus active et la plus puissante de nos jours – la bourgeoisie – est prête de trahir ces convictions – de s’agenouiller sans foi devant l’autel, se prosterner devant un trône, s’humilier devant l’aristocratie – qu’elle déteste et payer les soldats qu’elle abhorre, être enfin menée à la laisse – pourvu qu’on ne coupe pas la corde par laquelle on tient la foule.
Et en effet – ce n’est pas sans danger de la couper.
Les calendriers ne sont pas les mêmes en haut et en bas. En haut le XIX e siècle, au rez-de-chaussée tout au plus le XV e – et en descendant encore on arrive en pleine Afrique… ce sont des Caffres, des Hottentots de divers couleurs, races et climats.
Si on pense sérieusement à cette civilisation qui se cristallise en bas par les lazzaroni et le mob de Londres… par des êtres humains qui, rebroussant le chemin, retournent aux singes – et qui s’épanouit aux sommets par les mérovingiens rabougris de toutes les dynasties, par les chétifs Aztèques de l’aristocratie – et si on pense que sa partie saine et intelligente et forte – est représentée par la bourgeoisie – alors la tête peut bien tourner. Imaginez-vous une ménagerie pareille – sans église, sans baïonette, sans tribunal, sans prêtre, sans roi, sans bourreau?…!
Que R. Owen prenait ces forts séculaires de la théocratie et de la jurisprudence – pour quelque chose de mort, de faux à force de se survivre, c’est claire, mais lorsqu’il les sommait de se rendre – il comptait sans son hôte, sans le commandant et la brave garnison. Il n’y a rien de plus obstiné qu’un mort, on peut mettre en pièces un cadavre mais c’est impossible de le convaincre. Et quels morts – ce ne sont pas les feus bambocheurs de l’Olympe, auxquels on est venu dire – pendant qu’ils discutaient des mesures à prendre contre les libres penseurs d’Athènes – qu’on a prouvé dans cette ville de Pallas – qu’ils n’existaient pas du tout. – Les dieux pâlirent, perdirent la tête, s’évaporèrent et disparurent – si on en croit Lucien. Les Grecs, hommes et dieux, étaient plus naïfs. Les dieux servaient à ces grands enfants de poupées, les Grecs aimaint l’Olympe par un sentiment artiste. La bourgeoisie soutient le jésuite et l'Old Shop – à tant pour cent ,comme une sécurité de transaction – allez-moi prendre cela par la logique.
…A travers tout cela une question grave et triste perce et se fait jour, question bien autrement importante que celle de savoir si Owen avait raison ou tort… la question de définir si en générale l'indépendance morale et l'intelligence libre de toute entrave – est compatible avec l'existence de l'Etat?
Nous voyons dans l’histoire que les hommes vivant ensemble tendent continuellement à une autonomie raisonnée – et qu’ils restent constamment dans l’asservissement moral. La tendance, la disposition ne garantit pas la possibilité du succès. – Que le cerveau humain soit un organe qui n’est pas arrivé à son état le plus développé – et qu’il a une tendance à y parvenir – c’est difficile de nier – mais s’il y parviendra ou s’il périra à mi-chemin comme périrent les mastodontes et les ichtyosaures – ou s’arrêtera dans un statu quo – comme le cerveau des animaux existants – ce sont des questions qui ne sont pas du tout faciles à être résolues. Et si elles le seront – certes, ce n’est ni par l’amour de l’humanité ni par la déclamation sentimentale etmystique.
Nous rencontrons dans toutes les sphères de la vie des antinomies indissolubles, ces assimptotes qui s’approchent éternellement de leurs hyperboles sans jamais les atteindre – ce sont comme des phares, des limites, des песplus ultra – entre lesquels se balance, se meut et s’écoule la vie réelle.
Les cris des phares, les hommes qui protestent ont existé de tout temps dans chaque civilisation – principalement en décadence. Ce n’est que l’exception, que la limite supérieure, que la puissante transgression subjective, l’effort suprême – chose rare comme le génie, comme la beauté, comme une belle voix.
Sommes-nous plus prêts de la liberté de conscience, de notre souveraineté individuelle, de notre autonomie morale – par toutes les paroles et doctrines d’un prophète-précurseur?
L’expérience nous oblige d’être circonspects. Voilà un exemple. De mémoire d’hommes il n’y avait jamais un tel concours de toutes les conditions les plus propices – pour un développement rationnel d’un être libre comme aux Etats-Unis en Amérique.
Tout ce qui empêche le progrès des Etats sur un sol épuisé par une longue histoire ou complètement sauvage – n’existait point. Les doctrines du XVIII e siècle, des grands penseurs de la grande révolution sans le militarisme français, le common law de l’Angleterre – sans les castes aristocratiques – formèrent le fondement de leur édifice social.
A quoi l’Europe osait rêver à peine – était de prime abord donné en Amérique – république, démocratie, fédération, autonomie de chaque partie et la ceinture à peine tangente de l’Etat confédéré – avec un nœud faible – et prêt à se délier. Eh bien, les résultats?
La société, la majorité – a usurpé les droits d’un dictateur et d’un sbire. Le peuple lui-même s’est fait Nicolas et la rue Jérusalem. Les persécutions au Sud pour les opinions et paroles, – avec leur bannière chantée – «L’esclavage ou la mort!» ne cèdent en rien aux persécutions du roi de Naples ou de l’Autrichien.
C’est vrai qu’au Nord – «l’esclavage» n’est pas un dogme religieux. Mais que dire du niveau intellectuel et de la liberté de conscience d’une population d’arithméticiens – qui après avoir fermé leurs livres de compte – tournent les tables et font des conversations avec les rapping spirits?
Nous trouvons – avec moins de grossièreté – quelque chose de pareil en Angleterre, en Suède – c’est à dire dans les pays les plus libres de l’Europe. Pouvons-nous conclure de là – que moins le pays est opprimé par son gouvernement, plus il est opprimé par la masse, qu’à un gouvernement tolérant correspond une opinion publique persécutant comme l’inquisition? La famille, la paroisse, le club vous épient, vous empoisonnent la vie… Je n’en sais rien, mais le doute est possible. L’histoire paraît être ce jeu des aspirations sociales – vers l’indépendance de l’individu, de la raison – une aspiration qui semble se réaliser mais la réalisation desquelles – est complètement incompatible avec l’existence de l’Etat… Systole et diastole de la circulation humaine.
Nous confessons franchement de ne pas connaître la réponse à cette question… mais nous ne voulons non plus accepter une solution toute faite – derrière notre dos. Jusqu’à présent l’histoire la résout d’une manière, et quelques penseurs éminents, dans leur nombre notre R. Owen, – d’une autre. Owen a une foi inébranlable, cette foi des grands philosophes du XVIII e siècle (qu’on a surnommé le siècle des incrédules!) que non seulement l’humanité parviendra un jour à une organisation rationnelle – mais que nous sommes à la veille d’exiger notre toge virile… Quant à cette dernière assertion, il nous semble que les tuteurs, pasteurs ménins et bonnes peuvent encore tranquillement dormir et manger aux frais de leurs pupilles. Tant que notre siècle dure – les hommes d’aucun pays ne demanderont pas les droits des majeurs – et se contenteront encore des petits jouets – et du col rabattu à l’enfant.
Il y a mille raisons à cela. Et d’abord pour qu’un homme puisse arriver au simple bon sens – il faut qu’il soit un géant; quelquefois même les forces les plus colossales ne peuvent suffir pour se frayer un passage à travers les morts et les spectres – de la tradition. Prenez un état social bien et carrément assis sur ses bases comme en Chine ou au Japon.
Du moment où l’enfant ouvre ses yeux avec un sourire – en regardant sa mère, – jusqu’au moment où il les referme, presque avec le même contentement – ayant fait sa paix avec Dieu et assuré un bon placement qu’on lui fera occuper pendant un petit somme qu’il fera – tout est disposé pour qu’il ne puisse voir clair, avoir une seule notion simple. Il suce avec le lait de sa mère je ne sais quelle belladone – qui lui tourne la tête – pas un sentiment ne reste intact, pas une passion qui ne soit détournée de sa voie naturelle. L’éducation de l’école continue en aggravant l’œuvre de l’éducation domestique – en généralisant, en justifiant théoriquement – les pratiques et règles de la maison, donnant une base scolastique à tous les mirages, en habituant les enfants de connaître sans comprendre et d’accepter les noms pour des définitions.
L’homme ahuri – continue à exister dans un monde d’illusions optiques, perd l’instinct de la vérité, le goût de la nature et doit certainement avoir une force énorme d’intelligence pour s’en apercevoir et peut-être encore plus de courage – pour sacrifier tout s’il le faut et sortir – déjà chancelant et ivre de la malaria qui l’entoure.
R. Owen aurait répondu à cela – que c’est nommément par ces considérations qu’il est venu à la conclusion – qu’il fallait commencer la régénération sociale – non par un phalanstère, non par Icarie – mais par l'école.
Il avait raison, et encore plus, il a prouvé pratiquement qu’il l’avait. Devant l’exemple de New Lanark – ses adversaires se taisent, le maudit New Lanark ne peut être digéré par les gens qui accusent le socialisme – de ne s’occuper que d’utopie – sans savoir réaliser le moindre détail. N. Lanark était là en chair et os pour répondre à tous ces Saint Thomas de l’économie politique – tout le monde y allait – ministres, ducs, fabricants, lords et même évèques. – Un sceptique, le docteur du duc de Kent n’y croit rien, le duc lui propose d’y aller et de voir de ses propres yeux – le docteur Mac-Neb y va et commence sa première lettre par ces mots: «Mon rapport à demain, je suis trop ému, de ce que j’ai vu – plus d’une fois je sentais des larmes dans mes yeux».
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