Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой
- Название:Если душа родилась крылатой
- Автор:
- Жанр:
- Издательство:Вагриус
- Год:2008
- Город:Москва
- ISBN:978-5-9697-0696-5
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Марина Цветаева - Если душа родилась крылатой краткое содержание
Мы представляем здесь избранные произведения Марины Цветаевой в переводах двух французских поэтов — Анри Делюи и Евы Мальре.
Анри Делюи родился в 1931 г. в Марселе. Опубликовал свою первую книгу «Образы» в семнадцатилетнем возрасте. Перевел многих иностранных авторов — голландских, немецких, португальских, чешских, словацких, русских… Его книга «Лирическая обида», посвященная Цветаевой, опубликована в 1992 г. В своих нерифмованных переводах он сумел передать по-французски лихорадочный ритм и лирическое исступление великого русского поэта.
Ева Мальре родилась в 1945 г. и ушла из жизни в 1984 г. Она воссоздала настоящую французскую Цветаеву, осуществив то, что хотела сделать сама Цветаева. Ева Мальре познакомила французских читателей с Цветаевой дерзкой и строгой, страстной и рафинированной. Ее восемнадцать переводов стихотворений и поэм Цветаевой составляют вышедший в 1986 г. под редакцией Ефима Эткинда сборник «Попытка ревности», из которого мы взяли шесть поэм. Незадолго до смерти Ева Мальре писала книгу о Цветаевой, которая осталась незавершенной.
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Je n’ai plus besoin de toi,
Mon cher, — non parce que
Tu n’as pas eґcrit aussito t,
Non parce que tu vas
Deґchiffrer en riant
Ces lignes eґcrites avec tristesse,
(Ecrites par moi, seule —
A toi, seul! — Pour la premie`re fois! —
Tu les devineras, sans e tre seul.)
Non parce que des boucles
Fro leront ta joue — je sais,
Moi aussi, lire a` deux! —
Non parce qu’ensemble —
Sur des majuscules incertaines —
Vous allez vous pencher et soupirer.
Non parce que, bien ensemble,
Soudain, vos paupie`res se fermeront —
Mon eґcriture est difficile, —
Et, en plus des vers!
Non, cher ami, — c’est plus simple,
C’est plus fort qu’un deґpit:
Je n’ai plus besoin de toi —
Parce que, parce que
Je n’ai plus besoin de toi!
Non, personne ne le saura —
Ne pourra et ne voudra le savoir! —
Combien, dans l’insomnie, ma conscience passionneґe
Use ma jeune vie!
Elle m’eґtouffe sous l’oreiller, elle sonne le tocsin,
Elle murmure toujours le me me mot…
— Elle transforme en cet enfer trois fois damneґ
Un petit, un idiot peґcheґ veґniel.
Une eґtoile au-dessus du berceau — et une eґtoile
Au-dessus du cercueil! Et, au milieu —
Comme un tas de neige bleue — une longue vie. —
Bien que je sois ta me`re,
Je n’ai plus rien a` te dire,
Mon eґtoile.
Je confie ce livre au vent
Et aux cygnes qui passent.
Pour crier plus fort que la seґparation —
Il y a peu, j’ai briseґ ma voix.
Ce livre, comme une bouteille a` la mer,
Je le jette dans le tourbillon des guerres;
Afin qu’il voyage, simplement, de la main
A la main, comme un cierge dans une fe te.
Vent, vent, mon fide`le teґmoin,
Va dire a` ceux que j’aime
Que chaque nuit, dans mes re ves,
Je fais le chemin — du Nord au Sud.
Il s’approchera sans bruit, furtivement —
Comme minuit dans une fore t impeґneґtrable.
Je sais: dans un vaste tablier,
Je vous apporterai une colombe.
Ainsi: je serai sur le seuil, — immobile!
Avec le poids du plomb — la honte. Mais,
L’oiseau dans le tablier sera a` l’eґtroit,
Et l’oiseau — s’envolera, de lui-me me!
Tu observes ma peґrissable fragiliteґ
Presque en silence. — Toi,
Tu es de pierre, — moi, je chante, —
Toi, tu es un monument, moi, je vole.
Je sais, au regard de l’eґterniteґ,
Le plus tendre mai n’est rien.
Je suis un oiseau, ne m’en veux pas, si
Je n’applique pas pour moi une loi si leґge`re.
Ne juge pas trop vite: le jugement
Terrestre est fragile! Et que la couleur
Des meґsanges ne soit pas obscurcie —
Par la blancheur des colombes.
D’ailleurs — fais ce qu’il te plat!
Car, si j’ai aimeґ tout le monde,
Il se peut qu’un jour sombre —
Je revienne a` moi, plus blanche que toi.
L’un est de pierre, l’autre d’argile, —
Toute d’argent, moi — je brille!
Mon affaire — trahir, mon nom — Marina,
Moi, — peґrissable eґcume de la mer.
L’un est d’argile, l’autre de chair —
Pour eux, tombes et pierres tombales…
Pour moi — la mer — et ses fonts baptismaux —
Et je suis, dans mon vol, — sans cesse briseґe!
Ma volonteґ passe au travers de tous
Les curs, au travers de tous les filets.
De moi — vois-tu ces me`ches folles? —
Personne ne tirera du sel de terre.
Je me brise contre vos genoux de granit,
Mais, avec chaque vague, — je ressuscite.
Salut a` l’oceґan — a` l’eґcume joyeuse —
La haute eґcume de la mer!
Un co teґ de la fene tre s’est ouvert.
Un co teґ de l’a me est apparu.
Ouvrons donc — aussi l’autre co teґ,
Et cet autre co teґ de la fene tre.
Chanson
Hier encore il me regardait dans les yeux,
Aujourd’hui — il louche pluto t de co teґ!
Hier encore il restait jusqu’au chant des oiseaux —
Aujourd’hui — toute alouette — corbeau!
Moi, la sottise, mais toi, l’intelligence,
La vie, et moi l’inertie.
Et ce cri des femmes de tous les temps:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
Et les larmes pour elle — de l’eau et du sang —
De l’eau — dans le sang, dans les larmes elle se lave!
Pas une me`re, une mara tre — l’Amour:
N’attendez de lui ni justice ni pitieґ.
Les navires enle`vent les amants,
La route blanche les entrane…
Et ce geґmissement vaut pour toute la terre:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
Hier encore — coucheґ a` mes pieds!
Il me comparait a` l’empire de Chine!
Soudain ses deux mains se sont eґcarteґes, —
Ma vie est tombeґe — comme un sou rouilleґ!
Comme une infanticide devant les juges
Je suis la` debout — mal aimeґe, sans deґfense.
Je te le dirais me me en enfer:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
J’interroge la chaise, j’interroge le lit:
«Pour quoi, ce que j’endure, pour quoi cette
deґtresse?»
«Finis les baisers — vient la torture:
A d’autres les baisers», — reґpondent-ils.
A cette vie en plein feu, tu m’habitues,
Puis tu m’abandonnes — dans la steppe glaceґe!
Voila` ce que toi, mon amour, tu m’as fait!
Mon amour, a` toi — qu’est-ce que, moi, je t’ai fait?
Je sais tout — ne dis pas le contraire!
Lucide, a` nouveau — et deґja` plus ta matresse!
La` ou` l’Amour ce`de le terrain,
La` s’avance la Mort-Jardinier!
Seule — pourquoi secouer l’arbre! —
L’heure venue la pomme mu re tombera.
— Pour tout, pardonne-moi, mon amour —
Pour tout ce que je t’ai fait!
Ils sont partis — ils s’en sont alleґs —. Ils
Sont passeґs dans lе camp ou` tout se me le,
Dans le camp blanc des migrateurs,
Et des pigeons — et des cygnes —,
D’eux, et de toi, ma Grandeur,
Je parle, — reґponds-moi!
Pour les jeunes bois de che ne, qui poussaient
Vers le ciel — et n’ont pu grandir, pour ceux
Qui sont tombeґs et ne se sont pas releveґs, —
Pour ceux qui sont alleґs camper dans l’eґterniteґ,
Pour toi, notre Honneur,
Je geґmis — fais-moi signe!
Chaque soir, chaque soir, mes bras
Vont a` votre rencontre! La`-bas.
Dans la vaste eґtendue des colombes —
Ils sont nombreux, ceux que j’aime.
Je suis depuis trop longtemps
Dans la Russie des rouges — enle`ve-moi!
Je le sais, je mourrai au creґpuscule, ou le matin ou le soir!
Auquel des deux, avec lequel des deux — c a ne se commande
pas!
O s’il eґtait possible que mon flambeau s’eґteigne deux fois!
Je suis passeґe sur terre d’un pas de danse! — Fille du ciel!
Un tablier plein de roses! — Sans eґcraser les jeunes pousses!
Je le sais, je mourrai au creґpuscule, ou le matin ou le soir!
Dieu n’enverra pas une nuit d’eґpervier pour mon a me de
cygne!
D’une main douce, j’eґcarterai la croix sans l’embrasser,
Je m’eґlancerai dans le ciel geґneґreux pour un dernier salut.
La faille du creґpuscule, ou le matin ou le soir — et la coupure
du sourire...
— Car me me dans le dernier hoquet je resterai poe`te!
Dans les collines — rondes et brunes,
Sous les rayons — puissants et poussieґreux,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — rouge et deґchireґe.
Dans les sables — voraces et rouilleґs,
Sous les rayons — bru lants et avides,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — pas a` pas.
Dans les vagues — dangereuses et hautes,
Sous les rayons — cruels et anciens,
Avec des bottes — heґsitantes et douces —
Derrie`re une pelisse — menteuse, menteuse.
A Maiakovski
Plus haut que les croix, plus haut que les chemineґes,
Baptiseґ par le feu, baptiseґ par la fumeґe,
Archange-aux-pieds-lourds —
Salut a` toi dans les sie`cles, Vladimir!
Il est le cocher, il est aussi le coursier,
Il est la toquade, il est aussi la loi.
Il soupire, il crache dans ses mains:
— Tiens-toi bien, gloire charretie`re!
Chantre des miracles sur la place publique,
Salut a` toi, orgueilleux salopard,
Qui choisit la lourdeur de la pierre
Et non la seґduction du diamant.
Salut a` toi, tonnerre de paveґs!
Il ba ille, il respecte, — et, a` nouveau,
Il rame — avec ses brancards — avec
Ses ailes d’archange charretier.
Louange pour aphrodite
Bienheureux — ceux qui ont abandonneґ tes filles, Terre,
Pour la lutte et pour la course. Bienheureux, —
Ceux qui ont peґneґtreґ sur les Champs-Elyseґes
Sans e tre seґduit par la volupteґ.
Le laurier y pousse, feuilles raidies et sobres, —
Le laurier — chroniqueur, activiste au combat…
— Je n’eґchangerai pas l’aplomb de l’amitieґ,
Au-dessus des nuages, contre le foyer de l’amour.
Deґja` les Dieux — deґja` —, ne te comblent plus
Sur les rives — deґja` —, d’une autre rivie`re.
Vers la grande porte du couchant, vers
La porte de Veґnus, volez, colombes!
Pour moi, coucheґe sur les sables refroidis,
Je me retirerai dans ce jour qui ne se compte pas…
Car le serpent regarde sa vieille peau,
Car j’ai deґpasseґ ma jeunesse.
Jeunesse
Ma jeunesse! Mon eґtrange`re
Jeunesse! Ma bottine deґpareilleґe!
Les yeux rougis, presque fermeґs,
On enle`ve une feuille au calendrier.
La muse pensive n’a rien pris
Sur l’ensemble de ton butin.
Ma jeunesse! Je ne te rappelle pas:
Tu eґtais une charge et une corveґe.
La nuit, tu murmurais pour moi avec ton peigne,
La nuit, tu aiguisais tes fle`ches. Tu m’eґtouffais
De tes largesses, comme sous de petits galets.
Et je souffrais pour les peґcheґs des autres.
Je te rends ton sceptre avant l’heure,
Sans gou t, mon a me, pour les boissons et les mets.
Ma jeunesse! Mes deґsordres —
Jeunesse! Mon chiffon de vermeil!
Muse
Ni chartes, ni ance tres,
Ni faucon clair. Elle
Marche — elle s’ouvre, —
Lointaine!
Sous les paupie`res sombres —
L’incendie aux ailes d’or.
De sa main, haleґe par le vent,
Elle a pris, elle a oublieґ.
Le bas de sa robe non retrousseґe,
Sarcasme, qui se fa che,
Ni bonne ni meґchante,
L’une et l’autre, lointaine.
Elle ne pleure pas, ne geґmit pas:
— Il tire tre`s fort, il est gentil! —
De sa main, haleґe par le vent,
Elle a donneґ, elle a oublieґ.
Elle a oublieґ — ricanements
De gorge et de cris d’oiseaux...
— Dieu, garde-la,
Si lointaine!
Amazones
Seins de femmes! Souffle figeґ de l’a me —
Essence de femmes! Vague toujours prise
Au deґpourvu et qui toujours prend
Au deґpourvu — Dieu voit tout!
Lice pour les jeux du deґlice ou de la joie,
Meґprisables et meґprisants. — Seins de femmes! —
Armures qui ce`dent! — Je pense a` elles...
L’unique sein, — a` nos amies!...
Cheveux blancs
Ce sont des cendres de treґsors:
Des pertes, des offenses.
Ce sont des cendres, devant lesquelles —
Le granit — tombe en poussie`re.
La colombe, nue, lumineuse
Qui vit seule. Ce sont
Les cendres de Salomon
Sur une grande vaniteґ.
Redoutable craie
D’un temps sans fin.
Ainsi, Dieu me fait signe:
— La maison a bru leґ!
Non pas le seigneur des re ves
Et des jours, pris dans ses hardes,
Mais l’esprit — flamme verticale —
Qui jaillit des preґcoces cheveux blancs!
Vous ne m’avez pas trahie,
De mes arrie`res, anneґes!
Cette blancheur, c’est la victoire
Des forces immortelles!
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