В. Храковский - 40 лет Санкт-Петербургской типологической школе

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В. Храковский - 40 лет Санкт-Петербургской типологической школе краткое содержание

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Сборник подготовлен в связи с 40-летием группы структурно-типологического изучения языков Института лингвистических исследований РАН и 95-летием со дня рождения основателя группы — проф. А. А. Холодовича. Статьи, включенные в сборник, посвящены следующим вопросам: теория диатез и залогов, проблемы синтаксиса разноструктурных языков, проблемы грамматической теории. Тематика статей отражает круг научных проблем, находившихся в центре внимания А. А. Холодовича, его учеников, последователей и всех российских и зарубежных лингвистов, связывающих себя с традицией Санкт-Петербургской типологической школы. Статьи подготовлены авторами на основе докладов, прочитанных на международной юбилейной конференции «Категории глагола и структура предложения», которая проходила в Институте лингвистических исследований РАН в мае 2001 г.

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Dans ces conditions, il n'a d'autre solution que de «se donner», c'est-à-dire choisir, des cadres conceptuelsqui lui serviront de base de comparaison [Lazard 1999: 99-103, réimpr. 2001: 28–39]. Ces cadres conceptuels sont arbitraires, en ce sens qu'ils ne résultent pas d'un raisonnement rigoureux ni d'une observation systématique, mais d'une décision méthodologique. Ils sont fondés sur l'intuition et peuvent surgir de toute espèce d'expérience, sens commun, connaissance du monde en général, convictions philosophiques, suggestions tirées de la psychologie. En particulier et tout particulièrement, le linguiste tire parti de sa familiarité avec des langues diverses. Ces cadres conceptuels sont évidemment conjecturaux, puisque purement intuitifs, mais ce ne sont pas des hypothèses au sens scientifique du terme.

Ils ne sont pas vérifiables par l'examen des données offertes à l'observation. Ce sont des instruments de la recherche, en l'occurrence des moyens utilisés pour comparer les langues. Leur valeur réside dans leur fécondité. Il n'y a pas lieu de se demander s'ils sont justes ou faux, mais s'ils sont productifs ou non. S'ils permettent de découvrir des relations intéressantes commîmes à des langues diverses, ils ont rempli leur fonction. S'ils n'aboutissent pas à des découvertes, il faut les abandonner et en construire d'autres.

4. Un cadre conceptuel

Pour l'étude de la transitivité nous choisissons comme point de départ, c'est-à-dire comme cadre conceptuel, la notion d'«action prototypique», que nous définissons de la façon suivante:

(1) Définition: Une action prototypiqueest une action réelle, complète, discrète, volontaire, exercée par un agent humain bien individué sur un patient bien individué qui en est affecté réellement.

On admettra facilement que toutes les langues ont le moyen d'exprimer un procès ainsi défini. Autrement dit, il existe dans toutes les langues une construction employée pour exprimer une action prototypique. Cela ne signifie pas que, dans toutes les langues, cette construction sert exclusivement à cela. Bien au contraire, dans beaucoup de langues, et même probablement, dans la plupart, elle peut servir à exprimer autre chose, actions non prototypiques ou même procès qui ne sont pas des actions. Mais c'est cette construction qui est employée lorsqu'il s'agit d'exprimer une action prototypique, c'est-à-dire possédant les caractéristiques indiquées dans la définition (1). Nous l'appelons «construction biactancielle majeure» (sigle: CBM).

(2) Définition: La construction biactancielle majeure(CBM) est, en toute langue, celle qui sert à exprimer l'action prototypique.

Cette construction prend, selon les langues, des formes variées. Elle peut être accusative ou ergative, comporter ou non des indices actan-ciels (marques personnelles ou autres) dans la forme verbale, mettre en jeu ou non des marques casuelles dans les termes nominaux, impliquer un ordre des mots obligatoire ou préférentiel, etc. Quelles que soient ces formes, elles ont toutes en commun d'être susceptibles de dénoter un même type de contenu sémantique, à savoir des actions prototypiques.

Nous disposons ainsi, pour la comparaison des langues, d'un point fixe, qui consiste en deux éléments corrélés:

— sur le plan du contenu de sens ou, en termes saussuriens, des signifiés, la notion d'action prototypique,

— sur le plan morphosyntaxique ou des signifiants, la construction biactancielle majeure, qui assume des formes différentes dans les diverses langues.

Nous avons donc à la fois, d'une part, un contenu de sens bien défini commun à toutes les langues et, d'autre part, des formes différentes exprimant ce contenu de sens dans les langues différentes. Nous sommes dès lors en mesure de comparer légitimement ces formes différentes sur la base du contenu de sens commun. Nous pouvons aussi comparer l'extension sémantique que prend, différemment dans les différentes langues, l'usage de la CBM, c'est-à-dire examiner, dans une perspective comparative, quels sont les sens qu'elle peut exprimer, dans chaque langue, en plus de l'action prototypique. Nous verrons que ce champ de recherche ne manque pas d'intérêt.

5. La transitivité en perspective interlinguistique

Ce qui précède (§ 4) constitue la première étape de la démarche: nous avons élaboré un cadre conceptuel pour servir de base à la comparaison des langues, c'est-à-dire un instrumentde travail choisi librement. La deuxième étape consiste à former une hypothèse vérifiable par l'observation. Notre hypothèse est que la notion traditionnelle et confuse de transitivité est fondée sur l'idée implicite d'action prototypique.

(3) Hypothèse: La CBM est, en toute langue, la construction transitive.

Cette hypothèse est assez facile à vérifier. La CBM, c'est-à-dire la construction utilisée pour décrire une action prototypique, est, en français et dans les langues voisines, celle qu'on appelle ordinairement transitive, avec un objet direct En latin et autres langues du même type, c'est celle qui comporte un objet à l'accusatif.

Dans les langues ergatives, c'est aussi celle que l'on qualifie habituellement de transitive. Par exemple, le tcherkesse a des constructions biactancielles de deux types différents [Paris 1991: 34]. Toutes deux incluent un terme au cas direct et un préfixe actanciel coréférent de ce terme et placé en première position dans la forme verbale. Mais l'autre terme est différent dans les deux constructions. Dans l'une, c'est un terme nominal au cas oblique qui généralement n'est pas en tête de phrase et qui est coréférent d'un préfixe verbal dit de «deuxième série» ou de «deuxième position» (ex. 4).

Dans l'autre, c'est un terme également au cas oblique, mais qui figure le plus souvent en tête de phrase et qui est coréférent d'un autre préfixe verbal dit de «troisième série» ou de «troisième position» (ex. 5).

Dans 4 ye est un préfixe de deuxième série dans 5 yэ est un - фото 29

Dans (4), — ye est un préfixe de deuxième série; dans (5), — yэ est un préfixe de troisième série. C'est la construction du type de (5) qui s'emploie dans le cas d'une action prototypique. Et c'est aussi celle-ci que déjà Dumézil, parlant des langues caucasiques du nord-ouest en général [Dumézil 1932: 156] ou de l'oubykh [Dumézil 1975: 9], appelle transitive en justifiant ce choix par l'intuition des locuteurs.

Une autre langue ergative, d'un type un peu différent, le lez-ghien, a plusieurs constructions biactancielles. L'une d'elles, qui comporte un terme à l'ergatif et un autre à l'absolutif, ex. (6) [Haspelmath 1993: 289], sert à exprimer l'action prototypique. C'est aussi celle qui est décrite comme transitive.

(6) ajal-di get'e xa-na

enfant-ERG pot casser-AOR

«L'enfant a cassé le pot».

Citons un dernier exemple dans une langue accusative où tous les compléments du verbe sont prépositionnels, le tahitien. Dans une phrase comme (7), la construction comprend un complément introduit par la préposition multifonctionnelle i, qui s'emploie dans beaucoup d'autres compléments; mais une certaine propriété transformationnelle qui ne peut être décrite ici (v. [Lazard & Peitzer 2000: 63–64]), fait que cette construction est analysée comme transitive. Or c'est précisément celle qui sert à exprimer l'action prototypique: cette construction est donc dans cette langue la CBM.

(7) 'ua hâmani te tâmuta i te fare

ASP fabriquer ART charpentier PREPART maison

«Le charpentier a construit la maison».

On pourrait multiplier les exemples avec toujours le même résultat. Ils confirment l'idée que la notion d'action prototypique est à la base de la notion traditionnelle plus ou moins intuitive de transitivité. L'attachement des grammairiens à cette notion et l'usage étendu qu'ils en font suggèrent que la notion d'action prototypique a une importance particulière pour les humains en tant qu'êtres parlants: elle semble bien jouer le rôle de modèle de tout procès impliquant deux participants. Avec, corrélativement, les constructions qui l'expriment (les formes de la CBM), elle occupe une place centrale dans la syntaxe de toutes les langues.On est ainsi conduit à penser qu'elle appartient, d'une certaine manière au noyau central de la représentation du monde dans l'esprit des hommes. Cette considération ouvre une perspective intéressanté sur les processus cognitifs. On saisit ici un exemple des contributions que l'étude comparative des langues, faite avec une méthode suffisamment rigoureuse, peut apporter aux sciences cognitives.

6. Une typologie

Les considérations qui précèdent permettent de construire une intéressante typologie des langues. Nous avons dit que, dans la plupart des langues, la CBM, que nous pouvons désormais appeler tout simplement la construction transitive, n'est pas limitée à l'expression de l'action prototypique. Mais les langues diffèrent considérablement quant à l'extension qu'elles lui dorment.

En français la construction transitive s'emploie pour exprimer quantité d'actions non prototypiques, comme peuvent l'illustrer les exemples suivants.

(8a) Le jardinier a tué le lapin.

(8b) Le jardinier a tué un/des lapins.

(8c) Le jardinier tuait des lapins.

(9a) La foudre a tué le jardinier.

(9b) L 'émotion a tué ce malheureux.

(10a) Le jardinier a vu le lapin.

(10b) Le jardinier aime ses lapins.

(8a) exprime une action prototypique: le sujet désigne un humain défini, donc bien individué; l'action est réelle, discrète, complète; l'objet désigne un être défini, qui est assurément affecté par l'action. Dans tous les autres exemples, la même construction est employée pour décrire des actions qui, toutes, par un trait ou un autre, s'écartent du prototype. Dans (8b) le patient est moins individué, car indéfini; il l'est encore moins s'il est pluriel. Dans (8c) l'action n'est pas discrète ou n'est pas complète, car l'imparfait dénote un procès habituel ou en cours. Dans (9a) et (9b) le sujet ne désigne pas un humain, mais une force naturelle ou un état psychique. Dans (10a) et (10b), il n'y a pas d'action du tout, mais une perception et un sentiment. Le maximum d'écart par rapport à l'action prototypique se rencontre dans des phrases comme (11), où il n'y a ni action ni agent ni patient: le verbe exprime une localisation, le sujet et l'objet désignent des choses inanimées, dont ni l'une ni l'autre n'est affectée par le procès [38] 'j'emploie le terme de «procès» dans un sens très général pour désigner toute situation dénotée par un verbe, action, processus ou même, comme ici, état. . Et cependant la construction est toujours la même que dans (8a).

(11) L 'école jouxte la mairie.

Le français est donc une langue où la construction transitive a une très grande extension. 11 en va de même en général dans les langues indo-européennes d'Europe occidentale. Il semble même qu'en anglais la construction s'étende plus loin encore qu'en français. En revanche, en rosse l'emploi de la construction transitive est sensiblement plus limitée. Beaucoup de procès ou de relations qui s'expriment en français et d'autres langues d'Europe occidentale au moyen de la construction transitive sont rendus en russe au moyen d'autres constructions, ex.

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