В. Храковский - 40 лет Санкт-Петербургской типологической школе
- Название:40 лет Санкт-Петербургской типологической школе
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- Издательство:Знак
- Год:2004
- Город:Москва
- ISBN:5-9551-0003-2
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В. Храковский - 40 лет Санкт-Петербургской типологической школе краткое содержание
Сборник подготовлен в связи с 40-летием группы структурно-типологического изучения языков Института лингвистических исследований РАН и 95-летием со дня рождения основателя группы — проф. А. А. Холодовича. Статьи, включенные в сборник, посвящены следующим вопросам: теория диатез и залогов, проблемы синтаксиса разноструктурных языков, проблемы грамматической теории. Тематика статей отражает круг научных проблем, находившихся в центре внимания А. А. Холодовича, его учеников, последователей и всех российских и зарубежных лингвистов, связывающих себя с традицией Санкт-Петербургской типологической школы. Статьи подготовлены авторами на основе докладов, прочитанных на международной юбилейной конференции «Категории глагола и структура предложения», которая проходила в Институте лингвистических исследований РАН в мае 2001 г.
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Проверка «элементарности» на множестве «всех языков», очевидно, является делом неосуществимым (практически и теоретически). Из этого следует, что экстенсионал понятия элементарной семантической роли в рамках общей типологии (разумеется, если не отождествлять ее с философской «спекулятивной» грамматикой) является пустым.
Апресян Ю. Д. Экспериментальное исследование семантики русского глагола. М., 1967.
Апресян Ю. Д. Лексическая семантика. Синонимические средства языка. М., 1974; 2-е изд., испр. и доп. М., 1995.
Гак В. Г. К проблеме синтаксической семантики // Инвариантные синтаксические значения и структура предложения / Ред. Н. Д. Арутюнова. М., 1969.
Кибрик А. Е. Очерки по общим и прикладным вопросам языкознания. М., 1992.
Козинский И. Ш. Некоторые грамматические универсалии в подсистемах выражения субъектно-объектных отношений: Автореф. дис…. канд. филол. наук. М., 1980.
Козинский И. Ш. О категории «подлежащее» в русском языке // Предварительные публикации ПГЭПЛ. Вып. 156. М., 1983.
Леонтьева Н. Н. Семантический анализ и смысловая неполнота текста: Автореф. дис…. канд. филол. наук. М., 1968.
Мельчук И. А., Холодович А. А. Залог (Определение. Исчисление) // Народы Африки и Азии. 1970. № 4.
Успенский В. А. К понятию диатезы II Проблемы лингвистической типологии и структуры языка. Л., 1977.
Яхонтов С. Е. Классы глаголов и падежное оформление актантов // Проблемы теории грамматического залога / Отв. ред. В. С. Храковский Л., 1978.
G. Lazard
Qu'est-ce qu'un verbe transitif?
Qu'est-ce que la transitivité? Cette question n'a guère de sens, pas plus que des questions comme: qu'est-ce qu'un objet? qu'est-ce qu'un sujet? Transitivité, sujet, objet sont des notions traditionnelles élaborées par les grammairiens du passé observant leurs langues et s'efforçant de systématiser leurs observations. Ces notions assurément ne sont pas creuses, mais elles sont obscures parce qu'elles sont confuses. La question que doit se poser le linguiste d'aujourd'hui n'est pas: qu'est-ce que la transitivité? mais: quels faits observés par nos prédécesseurs les ont conduits à élaborer la notion de transitivité? Pourquoi a-t-elle été et est-elle encore si généralement utilisée dans la description des langues les plus diverses? Garde-t-elle une pertinence dans la perspective de la linguistique moderne, et, si oui, quelle définition peut-on en donner?
Deux évidences s'imposent à qui s'adonne à l'étude du langage. L'une est qu'il porte du sens: on parle pour dire quelque chose. L'autre est que les seuls faits observables avec précision sont les formes. Comme a fort bien dit mon maître E. Benveniste, «les manifestations du sens semblent aussi libres, fuyantes, imprévisibles, que sont concrets, définis, descriptibles, les aspects de la forme» [Benveniste 1974: 216]. C'est donc sur la forme qu'il faut s'appuyer pour saisir comment la langue structure le contenu de pensée. Nous le savons aujourd'hui, surtout grâce aux instruments intellectuels que nous a légués le saussurisme, notions d'arbitraire du signe, de signifié et de signifiant, de pertinence, etc. Ils nous permettent de serrer de plus près les réalités linguistiques que les grammairiens anciens percevaient intuitivement et confusément.
Nous savons qu'il ne suffît pas de définir un verbe transitif, en termes sémantiques, comme un verbe indiquant qu'une action émanée d'un sujet passe ( transit) sur un objet, mais qu'il faut, dans chaque langue, chercher des critères morphosyntaxiques, c'est-à-dire de forme, distinguant les verbes transitifs de ceux qu'on dénomme intransitifs. Et cependant, comme nous le verrons, la sémantique reprend inévitablement ses droits quand on passe de la description des langues, prises individuellement, à leur comparaison, en vue d'apercevoir ce qu'elles ont de commun et qui explique et, dans une certaine mesure, justifie Vidée traditionnelle de transitivité. Cette recherche implique une démarche complexe: sémasiologique, de la forme au sens, dans la description de chaque langue, puis onomasiologique, du sens à la forme, au départ de la comparaison des langues, puis de nouveau sémasiologique dans la quête de l'universel. Nous l'esquissons très sommairement dans ce qui suit.
Dans la description d'une langue donnée, il est toujours possible de choisir un critère morphosyntaxique pour définir un verbe transitif. En latin, par exemple, et en général dans les langues où existe une flexion nominale, un verbe transitif est un verbe qui régit un «objet direct» à l'accusatif. En français, langue sans déclinaison, un verbe qui régit un terme nominal sans préposition en position postverbale est dit «transitif direct». Mais beaucoup de grammairiens admettent aussi des verbes «transitifs indirects», régissant des objets «indirects», c'est-à-dire prépositionnels, comme obéir à qqn.
Cette notion de transitivité, qu'elle soit «directe» ou «indirecte», n'est pas très claire. Elle recouvre des faits qui s'expriment mieux en termes de valence. La distinction principale est entre actants etcir-constants, fondée sur des critères morphosyntaxiques. Les circonstants sont étrangers à la valence du verbe; leur forme ne dépend aucunement du choix du lexème verbal. Les actants, au contraire, sont d'une forme déterminée par le choix du verbe: ce sont des termes régis par celui-ci. Certains actants sont en outre obligatoirement présents avec un verbe donné: par exemple, rencontrer ne peut s'employer sans un objet direct ( rencontrer un ami, rencontrer des difficultés)', recourir ne peut s'employer sans un complément introduit par la préposition à (recourir à un expédient). Ces actants sont dits «requis». Il existe donc des actants simplement régiset des actants régis et requis[Lazard 1994: 70,1998a: 68; 1998b: 16–17].
Ce sont ces distinctions qui, plus ou moins clairement, sont sous-jacentes à la notion traditionnelle de transitivité. Pour les grammairiens du français qui admettent la transitivité indirecte, un verbe transitif est un verbe qui peut ou doit être accompagné d'actants (directs ou indirects). Pour ceux qui définissent la transitivité par la présence possible d'un objet direct, un verbe transitif est un verbe qui peut ou doit être suivi d'un actant sans préposition.
Ajoutons que certains linguistes pensent que la notion de transitivité est inutile et qu'on peut s'en dispenser (ainsi [Gross 1969]). Il soutiennent que celle de complément d'objet est vaine et qu'il suffît de décrire avec précision les faits de valence, c'est-à-dire de classer les verbes selon le nombre et la forme des compléments qu'ils admettent ou exigent.
Transitivité directe ou indirecte, transitivité réduite à la construction directe, abandon de la notion de transitivité, les trois positions sont légitimes, pourvu que, dans le cadre choisi, les faits soient décrits exactement.
Il reste cependant que la notion de transitivité est employée très largement et étendue à de nombreuses langues, y compris des langues ergatives où la forme de la construction dite transitive est totalement différente de celle qu'elle a dans les langues accusatives. Cette persistance appelle une explication. L'examen de la question en perspective interlinguistique en suggère une.
Les critères défmitoires de la transitivité dans des langues particulières ne sont guère généralisables.
Si l'on retient celui des grammairiens du français qui admettent une transitivité indirecte, transitivité signifie purement et simplement présence possible d'un ou plusieurs actants («actant» étant défini par opposition à «circonstant»). La distinction entre verbe transitif et verbe intransitif coïncide alors avec celle qu'on fait entre actant et circonstant. Elle peut être généralisée, mais elle n'est pas très intéressante.
La plupart des linguistes, dans la plupart des langues, définissent la transitivité par la présence (possible) d'un objet direct. Mais qu'est-ce qu'un objet direct? En latin ou en russe un terme à l'accusatif; en français et d'autres langues d'Europe occidentale, un terme suivant le verbe sans préposition; en tahitien, langue polynésienne, un terme prépositionnel d'un certain type (v. plus bas, § 5). Dans les langues erga-tives, on considère généralement comme transitive une construction comprenant un terme à l'ergatif et un autre à l'absolutif (cas zéro), et c'est ce dernier qui correspond à l'objet direct des langues accusatives. Chacun de ces critères est propre à des langues particulières et incapable de fournir une définition de la transitivité en perspective intérim-guistique. Il n'y a pas de critère morphosyntaxique de la transitivité valable pour toute langue.
Cette difficulté n'est qu'un cas particulier du problème général et fondamental que pose la comparaison typologique des langues. Toute comparaison demande une base de comparaison. Sur quelle base va-t-on comparer les langues? Les formes des langues étant d'une variété pratiquement infinies, elles ne peuvent former une base de comparaison. En revanche, comme toutes les langues sont en principe propres à exprimer les mêmes contenus de sens, c'est aux contenus de sens qu'on doit faire appel pour fonder la comparaison. La difficulté est que, comme nous avons vu, les seules données observables objectivement en linguistique sont les formes, c'est-à-dire les signifiants. Quant aux signifiés qui sont exprimés par les signifiants, ils ne se définissent eux-mêmes que par leur place dans le système qui est propre à la langue. Indépendamment de cette structure imposée par la langue, les contenus de sens n'ont pas de structure saisissable objectivement, c'est-à-dire autrement que par l'intuition, qui est inévitablement subjective. Le linguiste est alors en face d'un dilemme. Il voit d'un côté des formes saisissables objectivement, mais indéfiniment variées, de l'autre un univers de sens «libres, fuyants, imprévisibles», comme dit Benveniste.
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