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Simenon, Georges - Le port des brumes

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    Le port des brumes
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Simenon, Georges - Le port des brumes краткое содержание

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Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie. Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l’un de l’autre, qu’il avait devant lui. Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé. Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l’espace, en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie. Joris ! Julie !


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Tout au bout du hameau, juste avant la barrière d’un pré où galopaient deux chevaux, un seuil de deux marches, une construction sans étage coiffée d’un toit de travers. Maigret se retourna, entendit les pas du maire à l’autre bout du village, évita de frapper à la porte et entra.

Tout de suite, quelque chose bougea dans le clair-obscur que combattait la lueur de l’âtre. Une silhouette noire, la tache blanche d’un bonnet de vieille.

— Qu’est-ce que c’est ? questionna-t-elle en trottinant, courbée en deux.

Il faisait chaud. Cela sentait la paille, le chou et le poulailler tout ensemble. Des poussins, d’ailleurs, picoraient autour des bûches.

Maigret, qui touchait presque le plafond de la tête, vit une porte, dans le fond de la pièce, comprit qu’il fallait faire vite. Et, sans rien dire, il marcha vers cette porte qu’il ouvrit. Mme Grandmaison était là, en train d’écrire. Jean Martineau se tenait debout près d’elle.

Ce fut un moment de désarroi. La femme se levait de sa chaise à fond de paille. Martineau, avant tout, tendait la main vers le papier qu’il froissait. Tous deux, instinctivement, se rapprochaient l’un de l’autre.

La bicoque n’avait que deux pièces. Celle-ci était la chambre à coucher de la vieille. Sur les murs blanchis à la chaux, deux portraits et des chromos encadrés de noir et or. Un lit très haut. La table sur laquelle Mme Grandmaison écrivait servait généralement de toilette, mais on venait d’en retirer la cuvette.

— Votre mari sera ici dans quelques minutes ! dit Maigret en guise d’entrée en matière.

Et Martineau, furieux, de gronder :

— Vous avez fait ça ?

— Tais-toi, Raymond.

C’était elle qui parlait. Elle le tutoyait. Et elle ne l’appelait pas Jean mais Raymond. Maigret nota ces détails, alla écouter à la porte, revint vers le couple.

— Voulez-vous me remettre ce début de lettre ?

Ils se regardèrent. Mme Grandmaison était pâle. Elle avait les traits tirés. Maigret l’avait déjà vue une fois, mais dans l’exercice de ses fonctions les plus sacrées de grande bourgeoise, c’est-à-dire recevoir du monde chez elle.

Il avait remarqué alors sa parfaite éducation et la banale bonne grâce avec laquelle elle savait tendre une tasse de thé ou répondre à un compliment.

Il avait imaginé son existence : les soucis de la maison de Caen, les visites, les enfants à élever. Deux ou trois mois de l’année dans les stations climatiques ou les villes d’eau. Une coquetterie moyenne. Le souci d’être digne plus encore que celui d’être jolie.

Sans doute, dans la femme qu’il avait maintenant devant lui, restait-il de tout cela. Mais il s’y mêlait autre chose. À vrai dire, elle montrait plus de sang-froid, plus de cran que son compagnon qui, lui, n’était pas loin de perdre contenance.

— Donne-lui le papier, dit-elle comme il se disposait à le déchirer.

Il n’y avait presque rien dessus :

Monsieur le proviseur,

J’ai l’honneur de vous prier de…

La grande écriture renversée de toutes les jeunes filles élevées en pension au début du siècle.

— Vous avez reçu ce matin deux coups de téléphone, n’est-ce pas ? Un de votre mari… Ou, plutôt, c’est vous qui lui avez téléphoné pour lui dire que vous arriviez à Ouistreham. Puis un coup de téléphone de M. Martineau, vous demandant de venir ici. Il vous a fait chercher au carrefour par une camionnette.

Sur la table, derrière l’encrier, quelque chose que Maigret n’avait pas vu dès l’abord : une liasse de billets de mille francs.

Martineau suivi son regard. Trop tard pour intervenir ! Alors, en proie à une lassitude inattendue, il se laissa tomber sur le bord du lit de la vieille et regarda le sol avec accablement.

— C’est vous qui lui avez apporté cet argent ?

Et c’était, une fois de plus, l’atmosphère caractéristique de cette affaire ? La même chose que dans la villa de Ouistreham, quand Maigret surprenait Grand-Louis en train de rosser le maire et que tous les deux se taisaient ! La même chose que la nuit précédente, à bord du Saint-Michel, quand les trois hommes évitaient de lui répondre !

Une inertie farouche ! La volonté bien arrêtée de ne pas prononcer la moindre parole d’explication.

— Je suppose que cette lettre est adressée à un proviseur de collège. Comme votre fils est à Stanislas, il est probable que la lettre le concerne… Quant à l’argent… Mais oui ! Martineau a dû quitter précipitamment la goélette échouée, gagner la terre à la nage… Sans doute y a-t-il laissé son portefeuille… Vous lui avez apporté de l’argent, afin…

Changeant brusquement de sujet et de ton :

— Et les autres, Martineau ? Tous sains et saufs ?

L’homme hésita, mais ne put s’empêcher en fin de compte, de battre affirmativement des paupières.

— Je ne vous demande pas où ils se cachent. Je sais que vous ne le direz pas…

— C’est vrai !

— Qu’est-ce qui est vrai ?…

La porte venait de s’ouvrir d’une poussée, et c’était la voix rageuse du maire qui avait lancé cette apostrophe. Il était méconnaissable. La colère le faisait panteler. Il serrait les poings, prêt à bondir sur un ennemi. Et son regard allait de sa femme à Martineau, de Martineau à la liasse de billets qui était toujours sur la table.

Un regard qui menaçait, mais qui, en même temps, trahissait la peur ou la débâcle.

— Qu’est-ce qui est vrai ?… Qu’est-ce qu’il a dit ?… Quel nouveau mensonge a-t-il fait ? Et elle ?… Elle qui… qui…

Il ne pouvait plus parler. Il étouffait. Maigret se tenait prêt à intervenir.

— Qu’est-ce qui est vrai ?… Que se passe-t-il ?… Et quel complot se trame ici ?… À qui est cet argent ?…

On entendit la vieille trottiner dans la pièce voisine, appeler ses poulets sur le seuil en criant :

— Petits ! petits ! petits ! petits !…

Et les grains de maïs qui tombaient en pluie sur les marches de pierre bleue. Et une poule d’une voisine qu’elle repoussait du pied…

— Va-t’en manger chez toi, la Noiraude…

Dans la chambre à coucher, rien ! Un lourd silence ! Un silence blême et malsain comme le ciel de ce matin pluvieux.

Des gens qui avaient peur… Car ils avaient peur !… Tous !… Martineau ! La femme ! Le maire… Ils avaient peur chacun de son côté, eût-on dit… Chacun une autre peur !…

Alors Maigret devint solennel pour prononcer lentement, comme un juge :

— Je suis chargé par le Parquet de découvrir et d’arrêter l’assassin du capitaine Joris, blessé d’une balle de revolver au crâne et, un mois plus tard, empoisonné chez lui à l’aide de strychnine. L’un de vous a-t-il une déclaration à faire à ce sujet ?

Jusque-là, nul ne s’était aperçu que la pièce n’était pas chauffée. Or, soudain, on eut froid ! Chaque syllabe avait résonné comme dans une église. On eût dit que les mots vibraient encore dans l’air.

— … empoisonné… strychnine…

Et surtout la fin :

— L’un de vous a-t-il une déclaration à faire ?

Martineau, le premier, baissa la tête. Mme Grandmaison, les yeux brillants, regarda tour à tour son mari et le Norvégien.

Mais personne ne répondit. Personne n’osait soutenir le regard de Maigret qui se faisait pesant.

Deux minutes… Trois minutes… La vieille qui mettait des bûches sur le foyer à côté…

Et la voix de Maigret, à nouveau, volontairement sèche, dépouillée de toute émotion :

— Au nom de la loi, Jean Martineau, je vous arrête !

Un cri de femme. Mme Grandmaison avait un mouvement de tout son être vers Martineau, mais elle était évanouie avant d’avoir achevé son geste !

Farouche, le maire se tournait vers le mur.

Et Martineau poussait un soupir de lassitude, de résignation. Il n’osa pas se porter au secours de la femme évanouie.

Ce fut Maigret qui se pencha vers elle, qui chercha ensuite le broc d’eau autour de lui.

— Vous avez du vinaigre ? alla-t-il demander à la vieille.

Et l’odeur du vinaigre se mêla à l’odeur déjà si complexe de la bicoque.

Quelques instants plus tard, Mme Grandmaison revenait à elle et, après quelques sanglots nerveux, sombrait dans une prostration presque complète.

— Vous sentez-vous en état de marcher ?

Elle fit signe que oui. Elle marcha, en effet, d’une démarche saccadée.

— Vous me suivez, messieurs, n’est-ce pas ? J’espère que je puis compter, cette fois, sur votre docilité ?

La vieille les vit avec ahurissement traverser sa cuisine. Quand ils furent dehors seulement, elle courut à la porte, cria :

— Vous rentrerez déjeuner, monsieur Raymond ?

Raymond ! C’était la deuxième fois que ce prénom était prononcé. L’homme fit signe qu’il ne rentrerait pas.

Et les quatre personnages poursuivirent leur marche, traversèrent le village. Devant le bureau de tabac, Martineau s’arrêta, hésitant, dit à Maigret :

— Je vous demande pardon. Comme je ne sais pas si je reviendrai un jour, je voudrais ne pas laisser de dettes derrière moi. Je dois, ici, une communication téléphonique, un grog et un paquet de cigarettes.

Ce fut Maigret qui paya. On contourna l’église. Au bout du chemin creux, on trouva la voiture qui attendait. Le commissaire y fit monter ses compagnons, hésita sur l’ordre à donner au chauffeur.

— À Ouistreham. Vous vous arrêterez d’abord à la gendarmerie.

Pas un mot ne fut échangé pendant le parcours. Toujours de la pluie, un ciel uniforme, le vent qui peu à peu reprenait de la force et secouait les arbres mouillés.

En face de la gendarmerie, Maigret pria Martineau de descendre, donna ses instructions au brigadier.

— Gardez-le dans la chambre de force… Vous me répondez de lui. Rien de nouveau ici ?

— Le remorqueur est arrivé. On attend que la mer soit assez haute.

La voiture repartit. On devait passer près du port, et Maigret s’arrêta une fois de plus, descendit un moment.

Il était midi. Les éclusiers étaient à leur poste, car un vapeur était annoncé de Caen. La bande de sable, sur la plage, s’était rétrécie et les vagues blanches léchaient presque les dunes.

À droite, une foule qui assistait à un spectacle passionnant : le remorqueur de Trouville était ancré à moins de cinq cents mètres de la côte. Un canot s’approchait péniblement du Saint-Michel, que le flot avait à moitié redressé.

À travers les vitres de la voiture, Maigret vit que le maire suivait lui aussi ce spectacle des yeux. Le capitaine Delcourt sortait de la buvette.

— Ça ira ? questionna le commissaire.

— Je crois qu’on l’aura ! Depuis deux heures, des hommes sont en train de délester la goélette. Si elle ne casse pas ses amarres…

Et il regardait le ciel comme on regarde une carte, pour y lire les caprices du vent.

— Il faudrait seulement que tout soit fini avant le plein de la marée.

Il aperçut le maire et sa femme dans l’auto, les salua avec respect, mais n’en regarda pas moins Maigret d’un air interrogateur.

— Du nouveau ?

— Sais pas.

Lucas, qui s’avançait, avait, lui, du nouveau. Seulement, avant de parler, il attira son chef à l’écart.

— On a repris Grand-Louis.

— Hein ?

— Par sa faute !… Ce matin, les gendarmes de Dives ont remarqué des traces de pas dans les champs… Un homme qui avait marché droit devant lui en enjambant les haies… La piste conduisait à l’Orne, à l’endroit où un pêcheur tire d’habitude son canot à sec… Or, le canot était de l’autre côté de l’eau…

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