Луи-Фердинанд Селин - Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке

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    Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке
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    978-5-9925-1311-0
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Луи-Фердинанд Селин - Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке краткое содержание

Voyage au bout de la nuit / Путешествие на край ночи. Книга для чтения на французском языке - описание и краткое содержание, автор Луи-Фердинанд Селин, читайте бесплатно онлайн на сайте электронной библиотеки LibKing.Ru
Роман французского писателя Луи-Фердинанда Селина «Путешествие на край ночи», написанный в 1932 году, является одним из важнейших произведений французской литературы XX в. Исповедь интеллигентного человека, представителя «потерянного поколения» прошедших сквозь ужасы Первой мировой войны и разуверившихся в жизни, была с восторгом принята частью литераторов – достаточно упомянуть Генри Миллера и Чарльза Буковски – и категорически отрицалась другими. Книга адресована всем любителям современной французской литературы.

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Le Nord au moins ça vous conserve les viandes; ils sont pâles une fois pour toutes les gens du Nord. Entre un Suédois mort et un jeune homme qui a mal dormi, peu de différence. Mais le colonial il est déjà tout rempli d’asticots un jour après son débarquement. Elles n’attendaient qu’eux ces infiniment laborieuses vermicelles et ne les lâcheraient plus que bien au‐delà de la vie. Sacs à larves.

Nous en avions encore pour huit jours de mer avant de faire escale devant la Bragamance, première terre promise. J’avais le sentiment de demeurer dans une boîte d’explosifs. Je ne mangeais presque plus pour éviter de me rendre à leur table et de traverser leurs entreponts en plein jour. Je ne disais plus un mot. Jamais on ne me voyait en promenade. Il était difficile d’être aussi peu que moi sur le navire tout en y demeurant.

Mon garçon de cabine, un père de famille, voulut bien me confier que les brillants officiers de la coloniale avaient fait le serment, verre en main, de me gifler à la première occasion et de me balancer par-dessus bord ensuite. Quand je lui demandais pourquoi, il n’en savait rien et il me demandait à son tour ce que j’avais bien pu faire pour en arriver là. Nous en demeurions à ce doute. Ça pouvait durer longtemps. J’avais une sale gueule, voilà tout.

On ne m’y reprendrait plus à voyager avec des gens aussi difficiles à contenter. Ils étaient tellement désœuvrés aussi, enfermés trente jours durant avec eux-mêmes qu’il en fallait très peu pour les passionner. D’ailleurs, dans la vie courante, réfléchissons que cent individus au moins dans le cours d’une seule journée bien ordinaire désirent votre pauvre mort, par exemple tous ceux que vous gênez, pressés dans la queue derrière vous au métro, tous ceux encore qui passent devant votre appartement et qui n’en ont pas, tous ceux qui voudraient que vous ayez achevé de faire pipi pour en faire autant, enfin, vos enfants et bien d’autres. C’est incessant. On s’y fait. Sur le bateau ça se discerne mieux cette presse, alors c’est plus gênant.

Dans cette étuve mijotante, le suint de ces êtres ébouillantés se concentre, les pressentiments de la solitude coloniale énorme qui va les ensevelir bientôt eux et leur destin, les faire gémir déjà comme des agonisants. Ils s’accrochent, ils mordent, ils lacèrent, ils en bavent. Mon importance à bord croissait prodigieusement de jour en jour. Mes rares arrivées à table aussi furtives et silencieuses que je m’appliquasse à les rendre prenaient l’ampleur de réels événements. Dès que j’entrais dans la salle à manger, les cent vingt passagers tressautaient, chuchotaient…

Les officiers de la coloniale bien tassés d’apéritifs en apéritifs autour de la table du commandant, les receveurs buralistes, les institutrices congolaises surtout, dont l’ Amiral-Bragueton emportait tout un choix, avaient fini de suppositions malveillantes en déductions diffamatoires par me magnifier jusqu’à l’infernale importance.

À l’embarquement de Marseille, je n’étais guère qu’un insignifiant rêvasseur, mais à présent, par l’effet de cette concentration agacée d’alcooliques et de vagins impatients, je me trouvais doté, méconnaissable, d’un troublant prestige.

Le Commandant du navire, gros malin trafiqueur et verruqueux, qui me serrait volontiers la main dans les débuts de la traversée, chaque fois qu’on se rencontrait à présent, ne semblait même plus me reconnaître, ainsi qu’on évite un homme recherché pour une sale affaire, coupable déjà… De quoi? Quand la haine des hommes ne comporte aucun risque, leur bêtise est vite convaincue, les motifs viennent tout seuls.

D’après ce que je croyais discerner dans la malveillance compacte où je me débattais, une des demoiselles institutrices animait l’élément féminin de la cabale. Elle retournait au Congo, crever, du moins je l’espérais, cette garce. Elle quittait peu les officiers coloniaux aux torses moulés dans la toile éclatante et parés au surplus du serment qu’ils avaient prononcé de m’écraser ni plus ni moins qu’une infecte limace, bien avant la prochaine escale. On se demandait à la ronde si je serais aussi répugnant aplati qu’en forme. Bref, on s’amusait. Cette demoiselle attisait leur verve, appelait l’orage sur le pont de l’ Amiral-Bragueton , ne voulait connaître de repos qu’après qu’on m’eût enfin ramassé pantelant, corrigé pour toujours de mon imaginaire impertinence, puni d’oser exister en somme, rageusement battu, saignant, meurtri, implorant pitié sous la botte et le poing d’un de ces gaillards dont elle brûlait d’admirer l’action musculaire, le courroux splendide. Scène de haut carnage, dont ses ovaires fripés pressentaient un réveil. Ça valait un viol par gorille. Le temps passait et il est périlleux de faire attendre longtemps les corridas. J’étais la bête. Le bord entier l’exigeait, frémissant jusqu’aux soutes.

La mer nous enfermait dans ce cirque boulonné. Les machinistes eux-mêmes étaient au courant. Et comme il ne nous restait plus que trois journées avant l’escale, journées décisives, plusieurs toreros s’offrirent. Et plus je fuyais l’esclandre et plus on devenait agressif, imminent à mon égard. Ils se faisaient déjà la main les sacrificateurs. On me coinça ainsi entre deux cabines, au revers d’une courtine. Je m’échappai de justesse, mais il me devenait franchement périlleux de me rendre aux cabinets. Quand nous n’eûmes donc plus que ces trois jours de mer devant nous j’en profitai pour définitivement renoncer à tous mes besoins naturels. Les hublots me suffisaient. Autour de moi tout était accablant de haine et d’ennui. Il faut dire aussi qu’il est incroyable cet ennui du bord, cosmique pour parler franchement. Il recouvre la mer, et le bateau, et les cieux. Des gens solides en deviendraient bizarres, à plus forte raison ces abrutis chimériques.

Un sacrifice! J’allais y passer. Les choses se précisèrent un soir après le dîner où je m’étais quand même rendu, tracassé par la faim. J’avais gardé le nez au-dessus de mon assiette, n’osant même pas sortir mon mouchoir de ma poche pour m’éponger. Nul ne fut à bouffer jamais plus discret que moi. Des machines vous montait, assis, sous le derrière, une vibration incessante et menue. Mes voisins de table devaient être au courant de ce qu’on avait décidé à mon égard, car ils se mirent, à ma surprise, à me parler librement et complaisamment de duels et d’estocades, à me poser des questions… À ce moment aussi, l’institutrice du Congo, celle qui avait l’haleine si forte, se dirigea vers le salon. J’eus le temps de remarquer qu’elle portait une robe en guipure de grand apparat et se rendait au piano avec une sorte de hâte crispée, pour jouer, si l’on peut dire, certains airs dont elle escamotait toutes les finales. L’ambiance devint intensément nerveuse et furtive.

Je ne fis qu’un bond pour aller me réfugier dans ma cabine. Je l’avais presque atteinte quand un des capitaines de la coloniale, le plus bombé, le plus musclé de tous, me barra net le chemin, sans violence, mais fermement. « Montons sur le pont », m’enjoignit-il. Nous y fûmes en quelques pas. Pour la circonstance, il portait son képi le mieux doré, il s’était boutonné entièrement du col à la braguette, ce qu’il n’avait pas fait depuis notre départ. Nous étions donc en pleine cérémonie dramatique. Je n’en menais pas large, le cœur battant à hauteur du nombril.

Ce préambule, cette impeccabilité anormale me fit présager une exécution lente et douloureuse. Cet homme me faisait l’effet d’un morceau de la guerre qu’on aurait remis brusquement devant ma route, entêté, coincé, assassin.

Derrière lui, me bouclant la porte de l’entrepont, se dressaient en même temps quatre officiers subalternes, attentifs à l’extrême, escorte de la Fatalité.

Donc, plus moyen de fuir. Cette interpellation avait dû être minutieusement réglée. « Monsieur, vous avez devant vous le capitaine Frémizon des troupes coloniales! Au nom de mes camarades et des passagers de ce bateau justement indignés par votre inqualifiable conduite, j’ai l’honneur de vous demander raison!.. Certains propos que vous avez tenus à notre sujet depuis votre départ de Marseille sont inacceptables!.. Voici le moment, monsieur, d’articuler bien haut vos griefs!.. De proclamer ce que vous racontez honteusement tout bas depuis vingt et un jours! De nous dire enfin ce que vous pensez… »

Je ressentis en entendant ces mots un immense soulagement. J’avais redouté quelque mise à mort imparable, mais ils m’offraient, puisqu’il parlait, le capitaine, une manière de leur échapper. Je me ruai vers cette aubaine. Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique espérance à qui s’y connaît. C’est mon avis. Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l’étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d’une persécution dont on est l’objet. Y échapper suffit au sage.

« Capitaine! lui répondis-je avec toute la voix convaincue dont j’étais capable dans le moment, quelle extraordinaire erreur vous alliez commettre! Vous! Moi! Comment me prêter à moi, les sentiments d’une semblable perfidie? C’est trop d’injustice en vérité! J’en ferais capitaine une maladie! Comment? Moi hier encore défenseur de notre chère patrie! Moi, dont le sang s’est mêlé au vôtre pendant des années au cours d’inoubliables batailles! De quelle injustice alliez-vous m’accabler capitaine! »

Puis, m’adressant au groupe entier:

« De quelle abominable médisance, messieurs, êtes-vous devenus les victimes? Aller jusqu’à penser que moi, votre frère en somme, je m’entêtais à répandre d’immondes calomnies sur le compte d’héroïques officiers! C’est trop! vraiment c’est trop! Et cela au moment même où ils s’apprêtent ces braves, ces incomparables braves à reprendre, avec quel courage, la garde sacrée de notre immortel empire colonial! poursuivis-je. Là où les plus magnifiques soldats de notre race se sont couverts d’une gloire éternelle. Les Mangin! les Faidherbe, les Gallieni!.. Ah! capitaine! Moi? Ça? »

Je me tins en suspens. J’espérais être émouvant. Bienheureusement je le fus un petit instant. Sans traîner, alors, profitant de cet armistice de bafouillage, j’allai droit à lui et lui serrai les deux mains dans une étreinte d’émotion.

J’étais un peu tranquille ayant ses mains enfermées dans les miennes. Tout en les lui tenant, je continuais à m’expliquer avec volubilité et tout en lui donnant mille fois raison, je l’assurais que tout était à reprendre entre nous et par le bon bout cette fois! Que ma naturelle et stupide timidité seule se trouvait à l’origine de cette fantastique méprise! Que ma conduite certes aurait pu être interprétée comme un inconcevable dédain par ce groupe de passagers et de passagères « héros et charmeurs mélangés… Providentielle réunion de grands caractères et de talents… Sans oublier les dames incomparables musiciennes, ces ornements du bord!.. » Tout en faisant largement amende honorable, je sollicitai pour conclure qu’on m’admisse sans y surseoir et sans restriction aucune, au sein de leur joyeux groupe patriotique et fraternel… Où je tenais, dès ce moment, et pour toujours, à faire très aimable figure… Sans lui lâcher les mains, bien entendu, je redoublai d’éloquence.

Tant que le militaire ne tue pas, c’est un enfant. On l’amuse aisément. N’ayant pas l’habitude de penser, dès qu’on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants. Le capitaine Frémizon ne me tuait pas, il n’était pas en train de boire non plus, il ne faisait rien avec ses mains, ni avec ses pieds, il essayait seulement de penser. C’était énormément trop pour lui. Au fond, je le tenais par la tête.

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