Александр Пушкин - Переписка 1826-1837
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В доносе пропущено слово оскорбляя.
Батюшков умирает. [326]
Monsieur,
Je m'empresse de faire réponse aux dernières lettres que Vous avez bien voulu m'adresser de Moscou, et je m'acquitterai de cette tâche avec ma franchise ordinaire.
Je ne vois pas trop pourquoi Vous Vous plaisez à trouver Votre position précaire; je ne la trouve pas telle et il me semble qu'il ne dépendra que de Votre propre conduite de lui rendre plus d'assiette encore. Vous avez aussi tort de me croire influencé en Votre défaveur par qui que ce soit, car je Vous connais trop bien. Quant à Mr Boulgarin, il ne m'a jamais parlé de Vous, par la bonne raison que je ne le vois que deux ou trois fois par an, et que je ne l'ai vu ce dernier temps que pour le réprimander. Mais je dois Vous avouer que Votre dernier départ précipité pour Moscou a dû éveiller des soupçons.
Pour ce qui regarde la demande que Vous m'avez adressée, si Vous pouvez aller à Poltawa, pour y voir Nicolas Rayeffski? je dois Vous avertir qu'en ayant soumis cette question à l'Empereur, Sa Majesté a daigné me répondre qu'Elle Vous défendait nommément ce voyage, parce qu'Elle avait des motifs d'être mécontente de la dernière conduite de M. Rayeffski. —
Vous Vous persuaderez donc, par cette même circonstance, que mes bons conseils Vous feront éviter les faux pas auxquels Vous Vous êtes exposé si souvent sans me demander mon avis.
Recevez les assurances de ma parfaite considération.
A. Benkendorf.
№ 1310. ce 3. Avril 1830. [327]
Maintenant, Madame, que vous m'avez accordé la permission de vous écrire, je suis aussi ému, en prenant la plume, que si j'étais en votre présence. J'ai tant de choses à dire et plus j'y pense, plus les idées me viennent tristes et décourageantes. Je m'en vais vous les exposer toutes sincères et toutes diffuses, en implorant votre patience, votre indulgence surtout.
Lorsque je la vis pour la première fois, sa beauté venait d'être à peine aperçue dans le monde; je l'aimai, la tête me tourna, je la demandai, votre réponse, toute vague qu'elle était, me donna un moment de délire; je partis la même nuit pour l'armée; demandez-moi ce que j'allais y faire, je vous jure que je n'en sais rien, mais une angoisse involontaire me chassait de Moscou; je n'aurais pu y soutenir ni votre présence, ni la sienne. Je vous avais écrit; j'espérais, j'attendais une réponse — elle ne venait pas. Les torts de ma première jeunesse se présentèrent à mon imagination; ils n'ont été que trop violents,et la calomnie les a encore aggravés; le bruit en est devenu, malheureusement, populaire. Vous pouviez y ajouter foi, je n'osais m'en plaindre, mais j'étais au désespoir.
Que de tourments m'attendaient à mon retour! Votre silence, votre air froid, l'accueil de Mademoiselle N.[atalie] si léger, si mattentif… je n'eus pas le courage de m'expliquer, j'allais à Pétersbourg la mort dans l'âme. Je sentais que j'avais joué un rôle bien ridicule, j'avais été timide pour la première fois de ma vie et ce n'est pas la timidité qui dans un homme de mon âge puisse plaire à une jeune personne de l'âge de M-lle votre fille. Un de mes amis va à Moscou, m'en rapporte un mot de bienveillance qui me rend la vie, et maintenant que quelques paroles gracieuses que vous avez daigné m'adresser auraient dû me combler de joie — je suis plus malheureux que jamais. Je vais tâcher de m'expliquer.
L'habitude et une longue intimité pourraient seules me faire gagner l'affection de M-lle votre fille; je puis espérer me l'attacher à la longue, mais je n'ai rien pour lui plaire; si elle consent à me donner sa main, je n'y verrai que la preuve de la tranquille indifférence de son cœur. Mais entourée d'admiration, d'hommages, de séductions, cette [séduction[?]] tranquillité lui durera-t-elle? On lui dira qu'un malheureux sort l'a seul empêchée de former d'autres liens plus égaux, plus brillants, plus dignes d'elle, — peut-être ces propos seront-ils sincères, mais à coup sûr elle les croira tels. N'aura-t-elle pas des regrets? ne me regardera-t-elle pas comme un obstacle, comme un ravisseur frauduleux? ne me prendra-t-elle pas en aversion? Dieu m'est témoin que je suis prêt à mourir pour elle, mais devoir mourir pour la laisser veuve brillante et libre de choisir demain un nouveau mari — cette idée — c'est l'enfer.
Parlons de la fortune; j'en fais peu de cas. La mienne m'a suffi jusqu'à présent. Me suffira-t-elle marié? je ne souffrirai pour rien au monde que ma femme connût des privations, qu'elle ne fût pas là où elle est appelée à briller, à s'amuser. Elle a le droit de l'exiger. Pour la satisfaire je suis prêt à lui sacrifier tous les goûts, toutes les passions de ma vie, une existance toute libre et toute aventureuse. Toutefois ne murmurera-t-elle pas si sa position dans le monde ne sera pas aussi brillante qu'elle le mérite et que je l'aurais désiré?
Telles sont, en partie, mes anxiétés. Je tremble que vous ne les trouviez trop raisonnables. Il y en a une que je ne puis me résoudre à confier au papier. —
Daignez agréer, Madame, l'hommage de mon entier dévouement et de ma haute considération.
A. Pouchkine. Samedi. [328]
Mes très chers parents, je m'adresse à vous dans un moment qui va fixer mon sort pour le reste de ma vie.
[Je veux me marier à une jeune personne que j'aime depuis un an] — M-lle Natalie Gontchar[of]. [J'ai son consentement, celui de sa mère]. Je vous demande votre bénédiction non comme une vaine formalité, mais dans l'intime persuasion que cette bénédiction est nécessaire à mon bien-être — et puisse la dernière moitié de mon existence être pour vous plus consolante que ne le fut ma triste jeunesse.
[La fortune de M-de G.[ontcharof] étant très dérangée] et dépendant en partie de celle de son beau-père, cet article est le seul obstacle qui s'oppose à mon bonheur. Je n'ai pas la force de songer à y renoncer. Il m'est bien plus aisé d'espérer que vous viendrez à mon secours. Je vous en conjure, écrivez-moi ce que vous pouvez faire pour [329] [330]
Mon Général,
Je suis tout embarrassé de m'adresser à l'Autorité dans une circonstance purement personnelle, mais ma position et l'intérêt que vous avez bien voulu me témoigner jusqu'à présent m'en font une obligation.
Je dois me marier à M-lle Gontcharof que vous avez dû voir à Moscou, j'ai son consentement et celui de sa mère; deux objections m'ont été faites: ma fortune et ma position à l'égard du gouvernement. Quant à la fortune, j'ai pu répondre qu'elle était suffisante, grâce à Sa Majesté qui m'a donné les moyens de vivre honorablement de mon travail. Quant à ma position, je n'ai pu cacher qu'elle était fausse et douteuse. Exclu du service en 1824, cette flétrissure me reste. Sorti du Lycée en 1817 avec le rang de la 10me classe, je n'ai jamais reçu les deux rangs qui me revenaient de droit, mes chefs négligeant de me présenter et moi ne me souciant pas de le leur rappeler. Il me serait maintenant pénible de rentrer au service, malgré toute ma bonne volonté. Une place toute subalterne, telle que mon rang me permet de l'occuper, ne peut me convenir. Elle me distrairait de mes occupations littéraires qui me font vivre et ne ferait que me donner des tracasseries sans but et sans utilité. Je n'y dois donc plus songer. M-de Gontcharof est effrayée de donner sa fille à un homme qui aurait le malheur d'être mal vu de l'Empereur… Mon bonheur dépend d'un mot de bienveillance de Celui pour lequel mon dévouement et ma reconnaissance sont déjà purs et sans bornes.
Encore une grâce: En 1826 j'apportai à Moscou ma tragédie de Годунов, écrite pendant mon exil. Elle ne vous fut envoyée, telle que vous l'avez vue, que pour me disculper. L'Empereur ayant daigné la lire m'a fait quelques critiques sur des passages trop libres et je dois l'avouer, Sa Majesté n'avait que trop raison. Deux ou trois passages ont aussi attiré son attention, parce qu'ils semblaient présenter des allusions aux circonstances alors récentes, en les relisant actuellement je doute qu'on puisse leur trouver ce sens-là. Tous les troubles se ressemblent. L'Auteur dramatique ne peut répondre des paroles qu'il met dans la bouche des personnages historiques. Il doit les faire parler selon leur caractere connu. Il ne faut donc faire attention qu'à l'esprit dans lequel est conçu l'ouvrage entier, à l'impression qu'il doit produire. Ma tragédie est une œuvre de bonne foi et je ne puis en conscience supprimer ce qui me paraît essentiel. Je supplie Sa Majesté de me pardonner la liberté que je prends de la contredire; je sais bien que cette opposition de poète peut prêter à rire, mais jusqu'à présent j'ai toujours constamment refusé toutes les propositions des libraires; j'étais heureux de pouvoir faire en silence ce sacrifice à la volonté de Sa Majesté. Les circonstances actuelles me pressent, et je viens supplier sa Majesté de me délier les mains et de me permettre d'imprimer ma tragédie comme je l'entends.
Encore une fois je suis tout honteux de vous avoir entretenu si longuement de moi. Mais votre indulgence m'a gâté et j'ai beau n'avoir rien fait pour mériter les bienfaits de l'Empereur, j'espère et je crois toujours en lui.
Je suis avec la considération la plus haute de Votre Excellence le très humble et obéissant serviteur Alexandre Pouchkine.
16 avril 1830 Moscou.
Je vous supplie, Mon Général, de me garder le secret. [331]
[С. Л. Пушкин:]
16 avril 1830.
Béni soit mille et mille fois le jour d'hier, mon cher Alexandre, pour la lettre que nous avons reçue de toi. Elle m'a pénétré de joie et de reconnaissance. Oui, mon ami. C'est le mot. — Depuis longtemps j'avais oublié la douceur des larmes que j'ai versées en la lisant. Que le Ciel répande sur toi toutes ses bénédictions, et sur l'aimable compagne qui va faire ton bonheur. — J'aurais désiré lui écrire, mais je n'ose encore le faire, crainte de n'en avoir pas le droit. J'attends Léon avec plus d'impatience que jamais, pour lui parler de toi ou plutôt pour qu'il m'en parle. — Olinka s'est trouvée chez nous au moment que ta lettre nous a été remise. Tu peux juger de l'effet que cela a fait sur elle…
Venons à ce que tu me dis, mon bon ami, au sujet de ce que je puis te donner. Tu connais l'état de nos affaires. — J'ai mille paysans, il est vrai, mais les deux tiers de mes terres sont engagés à la Maison des Enfants-trouvés. — Je donne à Olinka environ 4000 r. par an. Il me reste de la terre qui m'est échue en partage après feu mon frère 200 paysans entièrement libres, je t'en donne en attendant la jouissance pleine et entière. Ils peuvent donner 4000 r. de revenu annuel et peut-être avec le temps t'en donneront-ils davantage.
Mon bon ami! J'attends ta réponse avec la même impatience que tu pourrais éprouver en attendant l'assurance de ton bonheur de la bouche de M-lle Гончаров elle-même, car si je suis heureux c'est de votre bonheur, fier de vos succès, calme et tranquille quand je vous crois tels. Adieu! Puisse le Ciel te combler de ses bénédictions, mes prières journalières ont été et seront toujours pour implorer de lui votre bien-être. Je t'embrasse bien tendrement et te prie, si tu le juges à propos, de me recommander a M-lle Гончаров comme un ami bien et bien tendre.
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