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Simenon, Georges - Le port des brumes

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    Le port des brumes
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Simenon, Georges - Le port des brumes краткое содержание

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Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Evreux, tout était noir dehors. Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie. Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l’un de l’autre, qu’il avait devant lui. Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé. Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l’espace, en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie. Joris ! Julie !


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— Vous irez jusqu’au port et vous franchirez le pont tournant… Arrêtez-vous à la maison qui est juste à côté du phare !

Entre le village et le port, un ruban de route d’un kilomètre environ, désert, dessiné par les lucioles pâles des becs de gaz. À l’angle du pont, une fenêtre éclairée et du bruit.

— La Buvette de la Marine ! dit Julie. C’est là que tous ceux du port se tiennent la plupart du temps.

Au-delà du pont, la route est presque inexistante. Le chemin va se perdre dans les marécages formant les rives de l’Orne.

Il n’y a que le phare et une maison à un étage, entourée d’un jardin. L’auto s’arrête. Maigret observe son compagnon, qui descend le plus naturellement du monde et se dirige vers la grille.

— Vous avez vu, monsieur le commissaire ! s’écrie Julie, pantelante de joie. Il a reconnu la maison ! Je suis sûre qu’il finira par revenir à lui tout à fait.

Et elle introduit la clé dans la serrure, pousse la grille qui grince, suit l’allée semée de gravier. Maigret paie le chauffeur, la rejoint rapidement. L’auto partie, on ne voit plus rien.

— Vous ne voulez pas frotter une allumette ? Je ne trouve pas la serrure.

Une petite flamme. La porte est poussée. Une forme sombre passe, frôle les jambes de Maigret. Déjà Julie, dans le corridor, tourne le commutateur électrique, regarde curieusement par terre, murmure :

— C’est bien le chat qui vient de sortir, n’est-ce pas ?

Tout en parlant, elle retire son chapeau et son manteau d’un geste familier, accroche le tout à la patère, pousse la porte de la cuisine, où elle fait de la lumière, indiquant ainsi sans le vouloir que c’est dans cette pièce que les hôtes de la maison ont coutume de se tenir.

Une cuisine claire, avec des pavés de faïence sur les murs, une grande table de bois blanc frotté au sable, des cuivres qui étincellent. Et le capitaine va s’asseoir machinalement dans son fauteuil d’osier, près du poêle.

— Je suis pourtant sûre d’avoir mis le chat dehors en partant, comme toujours.

Elle parle pour elle-même. Elle s’inquiète.

— Oui, c’est bien certain. Toutes les portes sont bien fermées. Dites ! monsieur le commissaire, vous ne voulez pas faire le tour de la maison avec moi ? J’ai peur.

Au point qu’elle ose à peine marcher la première. Elle ouvre la salle à manger, dont l’ordre parfait, le parquet et les meubles trop bien cirés proclament qu’elle ne sert jamais.

— Regardez derrière les rideaux, voulez-vous ?

Il y a un piano droit, des laques de Chine et des porcelaines que le capitaine a dû rapporter d’Extrême-Orient.

Puis le salon, dans le même ordre, dans le même état qu’à la vitrine du magasin où il a été acheté. Le capitaine suit, satisfait, presque béat. On monte l’escalier aux marches couvertes d’un tapis rouge. Il y a trois chambres, dont une non utilisée.

Et toujours cette propreté, cet ordre méticuleux, une tiède odeur de campagne et de cuisine.

Personne n’est caché. Les fenêtres sont bien fermées. La porte du jardin est close, mais la clé est restée à l’extérieur.

— Le chat sera entré par un soupirail, dit Maigret.

— Il n’y en a pas.

Ils sont revenus à la cuisine. Elle ouvre un placard.

— Je peux vous offrir un petit verre de quelque chose ?

Et c’est alors, au milieu de ces allées et venues rituelles, en versant de l’alcool dans de tout petits verres ornés de fleurs peintes, qu’elle sent le plus intensément sa détresse et qu’elle fond en larmes.

Elle regarde à la dérobée le capitaine qui s’est assis dans son fauteuil. Ce spectacle lui fait si mal qu’elle détourne la tête, bégaie pour changer le cours de ses pensées :

— Je vais vous préparer la chambre d’ami.

Et c’est entrecoupé de sanglots. Elle décroche un tablier blanc, au mur, pour s’essuyer les yeux.

— Je préfère m’installer à l’hôtel. Je suppose qu’il y en a un…

Elle regarde une petite pendule de faïence comme celles que l’on gagne dans les foires et dont le tic-tac fait partie des dieux lares de la maison.

— Oui ! À cette heure-ci, vous trouverez encore quelqu’un. C’est de l’autre côté de l’écluse, juste derrière l’estaminet que vous avez aperçu…

Pourtant, elle est sur le point de le retenir. Elle paraît avoir peur de se trouver seule avec le capitaine, qu’elle n’ose plus regarder.

— Vous croyez qu’il n’y a personne dans la maison ?

— Vous avez pu vous en rendre compte vous-même !

— Vous reviendrez demain matin ?

Elle le reconduit jusqu’à la porte, qu’elle referme vivement. Et Maigret, lui, plonge dans une brume tellement dense qu’il ne voit pas où il pose les pieds. Il trouve néanmoins la grille. Il sent qu’il marche dans l’herbe, puis sur les cailloux du chemin. En même temps il perçoit une clameur lointaine qu’il est longtemps avant d’identifier.

Cela ressemble au beuglement d’une vache, mais en plus désolé, en plus tragique.

— Imbécile ! grommelle-t-il entre ses dents. C’est tout bonnement la corne de brume…

Il se repère mal. Il voit, à pic sous ses pieds, de l’eau qui paraît fumer. Il est sur le mur de l’écluse. Il entend quelque part grincer des manivelles. Il ne se souvient plus de l’endroit où il a traversé l’eau avec l’auto et, avisant une étroite passerelle, il va s’y engager…

— Attention !…

C’est stupéfiant ! Parce que la voix est toute proche ! Alors que la sensation de solitude est complète, il y a un homme à moins de trois mètres de lui, et c’est à peine si, en cherchant bien, il devine sa silhouette.

Il comprend tout de suite l’avertissement. La passerelle sur laquelle il allait s’engager bouge. C’est la porte même de l’écluse qu’on ouvre, et le spectacle devient plus hallucinant encore parce que, tout près, à quelques mètres, ce n’est plus un homme qui surgit, mais un véritable mur, haut comme une maison. Au-dessus de ce mur, des lumières que tamise le brouillard.

Un navire qui passe à portée de la main du commissaire ! Une aussière tombe près de lui et quelqu’un la ramasse, la porte jusqu’à une bitte où il la capelle.

— En arrière !… Attention !… crie une voix, là-haut, sur la passerelle du vapeur.

Quelques secondes auparavant tout semblait mort, désert. Et maintenant Maigret, qui marche le long de l’écluse, s’aperçoit que le brouillard est plein de formes humaines. Quelqu’un tourne une manivelle. Un autre court avec une seconde amarre. Des douaniers attendent que la passerelle soit jetée pour monter à bord.

Tout cela sans rien voir, dans le nuage humide qui accroche des perles aux poils des moustaches.

— Vous voulez passer ?

C’est tout près de Maigret. Une autre porte d’écluse.

— Faites vite, parce qu’après vous en avez pour un quart d’heure…

Il traverse en se tenant à la main courante, entend l’eau bouillonner sous ses pieds et, toujours au loin, les hurlements de la sirène. Plus il avance et plus cet univers de brume se remplit, grouille intensément d’une vie mystérieuse. Un point lumineux l’attire. Il s’approche et il voit alors un pêcheur, dans une barque amarrée au quai, qui abaisse et relève un grand filet retenu par des perches.

Le pêcheur le regarde sans curiosité, se met à trier dans un panier du menu poisson.

Autour du navire, le brouillard, plus lumineux, permet de distinguer les allées et venues. Sur le pont, on parle anglais. Un homme en casquette galonnée, au bord du quai, vise des papiers.

Le chef du port ! Celui qui remplace maintenant le capitaine Joris !

Un petit homme aussi, mais plus maigre, plus sautillant, qui plaisante avec les officiers du navire.

En somme, l’univers se réduit à quelques mètres carrés de clarté relative et à un grand trou noir où l’on devine de la terre ferme et de l’eau. La mer est là-bas, à gauche, à peine bruissante.

N’est-ce pas un soir tout pareil que Joris a soudain disparu de la circulation ? Il visait des papiers, comme son collègue. Il plaisantait sans doute. Il surveillait l’éclusée, les manœuvres. Il n’avait pas besoin de voir. Quelques bruits familiers lui suffisaient. De même que nul ici ne regarde où il marche !

Maigret, qui vient d’allumer une pipe, se renfrogne, parce qu’il n’aime pas se sentir gauche. Il s’en veut de sa lourdeur de terrien qu’effraie ou émerveille tout ce qui touche à la mer.

Les portes de l’écluse s’ouvrent. Le bateau s’engage dans un canal un peu moins large que la Seine à Paris.

— Pardon ! Vous êtes le capitaine du port ?… Commissaire Maigret, de la Police judiciaire… Je viens de ramener votre collègue.

— Joris est ici ?… C’est donc bien lui ?… On m’en a parlé ce matin… Mais c’est vrai qu’il est… ?

Un petit geste du doigt, qui touche le front.

— Pour l’instant, oui ! Vous passez toute la nuit au port ?

— Jamais plus de cinq heures à la fois… Une marée, quoi ! Il y a cinq heures par marée pendant lesquelles les bateaux ont assez d’eau pour pénétrer dans le canal ou pour prendre la mer… L’heure varie tous les jours… Aujourd’hui, nous venons de commencer et nous en avons jusqu’à trois heures du matin…

L’homme est très simple. Il traite Maigret en collègue, étant en définitive un fonctionnaire comme lui.

— Vous permettez ?…

Il regarde du côté du large où on ne voit rien. Et pourtant il prononce :

— Un voilier de Boulogne qui s’est amarré aux pilotis en attendant l’ouverture des portes…

— Les bateaux vous sont annoncés ?

— La plupart du temps. Surtout les vapeurs. Ils font presque tous un trafic régulier, amenant du charbon d’Angleterre, repartant de Caen avec du minerai…

— Vous venez boire quelque chose ? propose Maigret.

— Pas avant la fin de la marée… Il faut que je reste ici…

Et il crie des ordres à des hommes invisibles, dont il connaît la place exacte.

— Vous êtes chargé de faire une enquête ?

Des bruits de pas viennent du village. Un homme passe sur une porte de l’écluse et, au moment où il est éclairé par une des lampes, on reconnaît le canon d’un fusil.

— Qui est-ce ?

— Le maire, qui va à la chasse aux canards… Il a un gabion sur l’Orne… Son aide doit déjà être là-bas à tout préparer pour la nuit…

— Vous croyez que je trouverai l’hôtel ouvert ?

— L’Univers, oui ! Mais dépêchez-vous… Le patron aura bientôt fini sa partie de cartes et ira se coucher… Dès lors, il ne se lèverait pas pour un empire…

— À demain… dit Maigret.

— Oui ! Je serai au port dès dix heures, pour la marée.

Ils se serrent la main, sans se connaître. Et la vie continue dans le brouillard, où on heurte soudain un homme qu’on n’a pas vu.

Ce n’est pas sinistre, à proprement parler, c’est autre chose, une inquiétude vague, une angoisse, une oppression, la sensation d’un monde inconnu auquel on est étranger et qui poursuit sa vie propre autour de vous.

Cette obscurité peuplée de gens invisibles. Ce voilier, par exemple, qui attend son tour, tout près, et qu’on ne devine même pas…

Maigret repasse près du pêcheur immobile sous sa lanterne. Il veut lui dire quelque chose.

— Ça mord ?…

Et l’autre se contente de cracher dans l’eau tandis que Maigret s’éloigne, furieux d’avoir dit une telle stupidité.

La dernière chose qu’il entend avant d’entrer à l’hôtel est le bruit des volets qui se ferment au premier étage de la maison du capitaine Joris.

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