Simenon, Georges - Le fou de Bergerac
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Simenon, Georges - Le fou de Bergerac краткое содержание
Hasard sur toute la ligne ! La veille, Maigret ne savait pas qu’il allait entreprendre un voyage. C’était pourtant la saison où Paris commençait à lui peser : un mois de mars épicé d’un avant-goût de printemps, avec un soleil clair, pointu, déjà tiède. Mme Maigret était en Alsace pour une quinzaine de jours, auprès de sa sœur qui attendait un bébé. Or, le mercredi matin, le commissaire recevait une lettre d’un collègue de la Police Judiciaire qui avait pris sa retraite deux ans plus tôt et qui s’était installé en Dordogne. … Surtout, si un bon vent t’amène dans la région, ne manque pas de venir passer quelques jours chez moi. J’ai une vieille servante qui n’est contente que quand il y a du monde à la maison. Et la saison du saumon commence…
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Une brave femme, en somme ! Elle était très à l’aise, maintenant ! Elle ne paraissait même pas comprendre la rage de sa fille ! Est-ce que Maigret ne lui parlait pas poliment, avec prévenance ? Et il employait un langage tout simple qu’elle comprenait !
Elle était artiste. Elle avait voyagé. Elle avait eu des amants, puis des enfants. Est-ce que ce n’était pas dans l’ordre des choses ?
— Elle a souffert de la poitrine ?
— Non ! c’était dans la tête… Elle se plaignait toujours d’avoir mal… Puis, un beau jour, elle a fait une méningite et elle a dû être transportée d’urgence à l’hôpital…
Temps d’arrêt ! Jusque-là cela avait été tout seul. Mais Joséphine Beausoleil arrivait au point critique. Elle ne savait plus ce qu’elle devait dire et elle cherchait Françoise du regard.
— Le commissaire n’a pas le droit de t’interroger, maman ! Ne réponds plus…
C’était facile à dire ! Seulement elle savait, elle, qu’il est dangereux de se mettre la police à dos. Elle aurait bien voulu contenter tout le monde.
Leduc, qui avait repris son aplomb, adressait à Maigret des œillades qui signifiaient :
— Cela avance !
— Écoutez, madame… Vous pouvez parler ou vous taire… C’est votre droit… Ce qui ne signifie pas qu’on ne vous obligera pas à parler dans un autre endroit que celui-ci… Par exemple, en Cour d’assises…
— Mais je n’ai rien fait !
— Justement ! C’est pourquoi, à mon avis, le plus sage est de parler. Quant à vous, mademoiselle Françoise…
Elle n’écoutait pas. Elle avait décroché le récepteur téléphonique. Et elle parlait d’une voix anxieuse, regardait Leduc à la dérobée, comme si elle craignait de voir celui-ci lui arracher l’appareil des mains.
— Allô !… Il est à l’hôpital ?… Peu importe !… Il faut l’appeler tout de suite… Ou plutôt, dites-lui qu’il vienne sans perdre un instant à l’Hôtel d’Angleterre… Oui !… Il comprendra… De la part de Françoise !…
Elle écouta encore un instant, raccrocha, regarda Maigret froidement, avec défi.
— Il va venir… Ne parle pas, maman…
Elle tremblait. Des perles de sueur roulaient sur son front, collaient les petits cheveux châtains des tempes.
— Vous voyez, monsieur le commissaire…
— Mademoiselle Françoise… Vous remarquerez que je ne vous ai pas empêchée de téléphoner… Au contraire !… Je cesse d’interroger votre mère… Maintenant, voulez-vous un conseil ?… Appelez également M. Duhourceau, qui est chez lui…
Elle chercha à deviner sa pensée. Elle hésita.
Elle finit par décrocher d’un geste nerveux.
— Allô !… 167, s’il vous plaît…
— Viens ici, Leduc.
Et Maigret lui chuchota quelques mots à l’oreille. Leduc parut surpris, gêné.
— Tu crois que… ?
Il se décida à partir et on le vit tourner la manivelle de sa voiture.
— Ici, c’est Françoise… Oui… Je vous téléphone de la chambre du commissaire… Ma mère est arrivée… Oui ! le commissaire demande que vous veniez… Non !… Non !… Je vous jure que non !…
Et cette cascade de « non » était prononcée avec force, avec angoisse.
— Puisque je vous dis que non !
Elle resta debout près de la table, toute raide.
Maigret, en allumant sa pipe, la regardait en souriant, tandis que Joséphine Beausoleil se mettait de la poudre.
X
Le billet
Le silence durait depuis quelques instants, quand Maigret vit Françoise sourciller en regardant vers la place, puis détourner brusquement la tête avec inquiétude.
C’était M me Rivaud qui traversait le terre-plein, se dirigeant vers l’hôtel. Illusion d’optique ? Ou bien le fait qu’il se passait des choses graves teintait-il tout de sombre ? Toujours est-il que, vue à distance, elle faisait penser à un personnage de drame. Elle semblait poussée en avant par une force invisible à laquelle elle ne tentait pas de résister.
On distingua bientôt son visage. Il était pâle. Les cheveux étaient en désordre. Le manteau n’était pas boutonné.
— Voilà Germaine… remarqua enfin M me Beausoleil. On a dû lui dire que je suis ici…
M me Maigret, machinalement, alla ouvrir la porte. Et quand on vit M me Rivaud de tout près, on comprit qu’elle vivait vraiment une heure tragique.
Pourtant elle faisait un effort pour être calme, pour sourire. Mais il y avait de l’égarement dans son regard. Ses traits avaient des frémissements soudains qu’elle ne pouvait pas réprimer.
— Excusez-moi, monsieur le commissaire… On m’a dit que ma mère et ma sœur étaient ici et…
— Qui vous a dit cela ?
— Qui ?… répéta-t-elle en tremblant.
Quelle différence entre elle et Françoise ! M me Rivaud était la sacrifiée, la femme qui avait gardé ses allures plébéiennes et qu’on devait traiter sans le moindre égard. Sa mère elle-même la regardait avec une certaine sévérité.
— Comment, tu ne sais pas qui ?
— C’était sur la route…
— Tu n’as pas vu ton mari ?
— Oh non !… Non !… Je jure que non…
Et Maigret, inquiet, regardait tour à tour les trois femmes, puis regardait la grand-place où Leduc n’arrivait pas encore. Qu’est-ce que cela signifiait ? Le commissaire avait voulu s’assurer que le chirurgien resterait à sa disposition. Il avait chargé Leduc de le surveiller et, de préférence, de l’accompagner jusqu’à l’hôtel.
Il ne faisait pas attention à sa femme. Il regardait les souliers poussiéreux de M me Rivaud, qui avait dû courir sur la route, puis le visage tiré de Françoise.
Soudain, M me Maigret se pencha sur lui, murmura :
— Donne-moi ta pipe…
Il allait protester. Mais non ! Il s’apercevait qu’elle laissait tomber sur les draps un petit papier. Et il lut :
M me Rivaud vient de passer un billet à sa sœur, qui le tient dans le creux de sa main.
Le soleil, dehors. Tous les bruits de la ville dont Maigret connaissait l’orchestration par cœur. M me Beausoleil qui attendait, bien droite sur sa chaise, en femme qui sait se tenir. M me Rivaud, au contraire, incapable d’adopter une contenance et faisant penser à une écolière sournoise qu’on vient de prendre en faute.
— Mademoiselle Françoise… commença Maigret.
Elle tressaillit des pieds à la tête. L’espace d’une seconde, son regard croisa celui de Maigret. Le regard dur, intelligent, de quelqu’un qui ne perd pas la tête.
— Voudriez-vous vous approcher un instant et…
Brave M me Maigret ! Devinait-elle ce qui allait se passer ? Elle esquissait un mouvement tournant pour atteindre la porte. Mais Françoise avait déjà bondi. Elle courait dans le corridor, s’élançait dans les escaliers.
— Qu’est-ce qu’elle fait ? s’effarait Joséphine Beausoleil.
Maigret ne bougeait pas, ne pouvait pas bouger. Il ne pouvait pas non plus envoyer sa femme à la poursuite de la fugitive.
— Quand votre mari vous a-t-il remis le billet ? se contenta-t-il de demander à M me Rivaud.
— Quel billet ?
À quoi bon commencer un interrogatoire pénible ? Maigret appela sa femme.
— Va donc à une fenêtre donnant sur le derrière de l’hôtel…
Ce fut le moment que le procureur choisit pour faire son entrée. Il était guindé. Parce qu’il avait peur, sans doute, il donnait à son visage une expression sévère, presque menaçante.
— On me téléphone pour me dire…
— Asseyez-vous, monsieur Duhourceau.
— Mais… la personne qui m’a téléphoné…
— Françoise vient de s’échapper. Il est possible qu’on mette la main sur elle. Mais le contraire est possible aussi ! Je vous en prie, asseyez-vous. Vous connaissez M me Beausoleil, n’est-ce pas ?…
— Moi ?… Mais pas du tout !…
Et il essayait de suivre le regard de Maigret. Car on sentait que le commissaire parlait pour parler, en pensant à autre chose, ou plutôt en ayant l’air de suivre un spectacle qui n’existait que pour lui seul. Il regardait la place, tendait l’oreille, fixait M me Rivaud.
Soudain, il y eut un violent remue-ménage dans l’hôtel même. Des gens se mirent à courir dans les escaliers. Des portes claquèrent. On crut même reconnaître un coup de feu.
— Qu’est-ce… qu’est-ce ?…
Des cris. De la vaisselle cassée. Puis des bruits de poursuite encore, à l’étage supérieur, et une vitre volant en éclats, les débris tombant sur le trottoir.
M me Maigret rentrait précipitamment dans la chambre, en refermait la porte à clé.
— Je crois que Leduc les a… haleta-t-elle.
— Leduc ? prononça soupçonneusement le procureur.
— La voiture du docteur était dans la petite rue de derrière. Le docteur était là, à attendre quelqu’un. Au moment où Françoise arrivait à la porte et allait prendre place dans l’auto, la vieille Ford de Leduc est arrivée. J’ai failli lui crier de se hâter. Je le voyais qui restait sur son siège… Mais il avait son idée et, tranquillement, il a crevé un pneu d’une balle de revolver…
« Les deux autres ne savaient plus où aller… Le docteur regardait en tous sens comme une girouette… Quand il a vu Leduc descendre de son siège, le revolver toujours à la main, il a poussé la jeune fille dans l’hôtel et il a couru avec elle…
« Leduc les poursuit dans les couloirs… Ils sont là-haut…
— Je continue à ne pas comprendre ! articula le procureur, livide.
— Ce qui a précédé ? C’est facile ! Grâce à une petite annonce, je fais venir ici M me Beausoleil. Le docteur, qui ne désire pas cette rencontre, envoie Françoise à la gare afin qu’elle empêche sa mère de venir…
« J’avais prévu ça… J’avais posté Leduc sur le quai et, au lieu de m’en amener une, il me les amène toutes les deux…
« Vous allez voir combien tout s’enchaîne… Françoise, qui sent que les choses se gâtent, téléphone à son beau-frère pour lui demander de venir…
« Moi, j’envoie Leduc surveiller Rivaud… Leduc arrive trop tard à l’hôpital… Le docteur est déjà parti… Il est chez lui… Il rédige un billet pour Françoise et il force sa femme à venir ici le lui remettre discrètement…
« Comprenez-vous ?… Lui, avec sa voiture, est dans la petite rue, derrière l’hôtel… Il attend Françoise pour partir avec elle…
« Une demi-minute de plus et le coup réussissait… Seulement, Leduc, avec sa Ford, arrive à son tour, se doute que ce qui se passe n’est pas très catholique, crève le pneu et…
Pendant qu’il parlait, le vacarme qui régnait dans l’hôtel s’intensifiait l’espace de quelques secondes. C’était là-haut. Mais quoi ?
Et puis soudain un silence de mort ! Au point que tout le monde, impressionné, resta immobile.
La voix de Leduc donnait des ordres, à l’étage supérieur. Mais on ne comprenait pas ce qu’il disait.
Un heurt sourd… Un second… Un troisième… Enfin le fracas d’une porte défoncée…
On attendait de nouveaux bruits et cette attente était douloureuse. Pourquoi ne bougeaient-ils plus, là-haut ? Pourquoi ces pas lents, tranquilles, d’un seul homme sur le plancher ?
M me Rivaud écarquillait les yeux. Le procureur tiraillait sa moustache. Joséphine Beausoleil était sur le point d’éclater en sanglots d’énervement.
— Ils doivent être morts ! prononça lentement Maigret en regardant le plafond.
— Comment ?… Qu’est-ce que vous dites ?…
M me Rivaud s’animait, se précipitait vers le commissaire, le visage décomposé, les yeux fous.
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