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Simenon, Georges - Lécluse n°1

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Simenon, Georges - Lécluse n°1
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    Lécluse n°1
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Simenon, Georges - Lécluse n°1 краткое содержание

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Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis d’un frémissement de nageoires aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.


C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier « Bastille-Créteil », traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette et le convoi fonça vers Charenton. Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. A droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour.


Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.


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GEORGES SIMENON

L’Écluse n°1

Maigret XVII

ARTHÈME FAYARD I Quand on observe des poissons à travers une couche deau qui - фото 1

ARTHÈME FAYARD

I

Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis, d’un frémissement de nageoires, aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.

C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier Bastille-Créteil, traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette, et le convoi fonça vers Charenton.

Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. À droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour. Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.

Deux débits de boissons restaient éclairés, face à face, chacun à un coin de rue. Dans l’un, cinq hommes jouaient aux cartes, lentement, sans parler. Trois portaient des casquettes de marinier ou de pilote, et le patron attablé avec eux était en bras de chemise.

Dans l’autre débit, on ne jouait pas. Il n’y avait que trois hommes. Ils étaient assis autour d’une table et ils regardaient rêveusement les petits verres de marc. La lumière était grise et sentait le sommeil. Le tenancier à moustaches noires, qui portait un tricot bleu, bâillait de temps en temps avant de tendre le bras pour saisir son verre.

En face de lui, il y avait un petit homme tout envahi de poils drus et jaunes comme du mauvais foin. Il était triste, ou engourdi, peut-être ivre ? Ses prunelles claires nageaient dans une eau trouble, et parfois il balançait la tête comme pour approuver son discours intérieur, tandis que son voisin, un homme du canal aussi, laissait errer son regard dehors, dans la nuit.

Le temps fuyait sans bruit, sans même le battement d’une horloge. Après l’estaminet, il y avait un rang de bicoques entourées de jardinets, mais leurs lampes étaient éteintes. Puis, au N°8, une maison de six étages, toute seule, déjà vieille et enfumée, trop étroite pour sa hauteur. Au premier, un peu de clair filtrait des persiennes. Au second, où il n’y avait pas de volets, un store écru formait un rectangle de lumière.

En face, enfin, au bord du canal, des tas de pierres, de sable, une grue, des tombereaux vides.

Et pourtant une musique palpitait dans l’air, qui sortait de quelque part. Il fallait chercher. C’était plus loin que le 8, dans un renfoncement, une baraque en bois portant le mot Bal.

On ne dansait pas, et même il n’y avait personne que la grosse patronne qui lisait son journal et qui se levait parfois pour introduire cinq sous dans le piano mécanique.

Il fallait bien que quelqu’un ou quelque chose bougeât à un moment donné, et ce fut le marinier tout velu, dans le débit de droite. Il se leva avec peine, regarda les verres, fit un calcul mental, tout en fouillant sa poche. Puis, ayant compté de la monnaie, il la mit sur le bois lisse de la table, toucha le bord de sa casquette et louvoya vers la porte.

Les deux autres se regardèrent. Le patron cligna de l’œil. La main du vieux hésita dans le vide avant de saisir le bec-de-cane, et l’homme oscilla en se retournant pour fermer la porte derrière lui.

On entendait ses pas comme s’il eût marché sur des pavés creux. C’était irrégulier. Il en faisait trois ou quatre et s’arrêtait, hésitant ou préoccupé de son équilibre. Arrivé près du canal, il heurta le parapet, qui résonna, s’engagea dans l’escalier de pierre et se trouva sur le quai de déchargement.

Les contours des bateaux étaient nettement dessinés par la lune. Les noms étaient lisibles comme en plein jour. La péniche la plus proche, séparée du bord par une planche servant de passerelle, s’appelait La Toison-d’Or. Il y avait d’autres bateaux derrière, à gauche, à droite, sur cinq rangs au moins, les uns le ventre ouvert près d’une grue, attendant d’être déchargés, d’autres le nez déjà sur la porte de l’écluse qu’ils franchiraient au petit jour, d’autres enfin qu’on voit rester comme inutiles, Dieu sait pourquoi, dans les ports.

Le vieux, tout seul dans l’univers immobile, eut un hoquet et s’engagea sur la planche, qui s’incurva. Au milieu, il eut l’idée de se retourner, peut-être pour apercevoir les fenêtres du bistrot. Il réussit la première partie de son mouvement, oscilla, raidit les reins et se trouva dans l’eau, cramponné d’une main à la planche.

Il n’avait pas crié. Il n’avait même pas grogné. Il n’y avait eu qu’un clapotement qui se mourait déjà car l’homme s’agitait à peine. Le front plissé comme s’il eût été obligé de réfléchir, il forçait sur ses poignets pour se hisser sur la planche. Il n’y réussissait pas, s’obstinait, l’œil fixe, la respiration forte.

Des amoureux, sur le quai, collés au mur de pierre, écoutaient, immobiles, en retenant leur souffle. Une auto corna dans Charenton.

Et soudain un hurlement, une plainte inouïe s’éleva, déchirant l’immensité calme.

C’était le vieux qui, dans l’eau, se déchirait la gorge d’épouvante. Il ne faisait plus d’effort raisonné. Il se débattait comme un forcené, avec des coups de pied qui rendaient l’eau bouillonnante.

D’autres bruits naissaient alentour. On remuait dans une péniche. Ailleurs, une voix de femme endormie disait :

— Tu vas voir ?

Des portes s’ouvraient, là-haut, sur le quai, celles des deux bistrots. Contre le mur de pierre, le couple se désunissait, et l’homme soufflait :

— Rentre vite !

Il faisait quelques pas, hésitant. Il disait à voix haute :

— Où est-ce ?

Il écoutait le cri. Il se repérait. D’autres voix se rapprochaient, et des gens se penchaient sur le parapet.

— Qu’est-ce que c’est ?

Et le jeune homme répondait en courant :

— Je ne sais pas encore. Par là… Dans l’eau…

Sa compagne restait à sa place, sans oser avancer ni reculer, les mains jointes.

— Je le vois !… Venez vite !…

La plainte, en faiblissant, devenait un râle formidable. L’amoureux apercevait les mains crispées à la planche, la tête émergeant de l’eau, mais il ne savait comment s’y prendre et, tourné vers l’escalier du quai, il attendait en répétant :

— Venez vite…

Quelqu’un disait sans s’émouvoir :

— C’est Gassin !

Ils étaient sept à s’approcher, les cinq d’un bistrot et les deux de l’autre.

— Avance encore… Tu lui prendras un bras et moi l’autre…

— Attention à la planche !

Elle ployait sous le poids. De l’écoutille de la péniche, on voyait germer une forme blanche, des cheveux clairs.

— Tu le tiens ?

Le vieux ne criait plus. Il n’était pas évanoui. Il regardait droit devant lui sans comprendre, sans faire un effort pour aider ses sauveteurs.

Et on le sortait de l’eau petit à petit, si mou qu’il fallut le traîner jusqu’à la berge.

La forme blanche s’avançait sur la passerelle. C’était une jeune fille en longue chemise de nuit, pieds nus, et les rayons de lune qui l’auréolaient dessinaient son corps nu sous la toile. Elle était seule à regarder encore l’eau qui redevenait lisse, et voilà qu’elle criait à son tour, qu’elle montrait quelque chose de flou, de blafard comme une méduse.

Deux de ceux qui soignaient le marinier se retournèrent, et quand ils virent la tache laiteuse dans l’eau noire ils eurent la même sensation de froid à la nuque.

— Dites donc, vous autres… Il y a…

Ils regardaient tous et ils en oubliaient le marinier affalé sur les pavés striés de rigoles d’eau.

— Apporte une gaffe !

Ce fut la jeune fille qui en saisit une, sur le pont de la péniche, et qui la leur tendit. Ils n’étaient plus les mêmes. Ni l’atmosphère. Ni même la température de la nuit ! Il faisait plus froid soudain, avec des bouffées tièdes.

— Tu le croches ?

Le fer de la gaffe se promenait dans l’eau et repoussait la masse informe en essayant de l’accrocher. Un homme à plat ventre sur la planche agitait la main pour atteindre un lambeau de vêtement.

Et sur les péniches, dans la nuit, on devinait des gens debout, qui attendaient sans rien dire.

— Je le tiens…

— Amène doucement…

Le vieux, sur le quai, perdait son eau comme une éponge tandis qu’on hissait un noyé plus gros, plus lourd, plus inerte. D’un remorqueur, très loin, une voix questionna simplement :

— Mort ?

Et la jeune fille en chemise regardait les gens qui étalaient le corps sur le quai, à un mètre de l’autre. Elle n’avait pas l’air de comprendre ; ses lèvres frémissaient comme si elle allait pleurer.

— Nom de Dieu… C’est Mimile !

— Ducrau !

Ils ne savaient plus où regarder, ces hommes debout autour des hommes couchés. Ils étaient empoignés par l’angoisse. Ils voulaient agir et ils avaient l’air d’avoir peur.

— Il faut tout de suite…

— Oui… J’y vais…

Quelqu’un courut vers l’écluse. On l’entendit qui frappait la porte de la maison à deux mains et qui criait :

— En vitesse ! Vos appareils ! C’est Émile Ducrau !

Émile Ducrau… Émile Ducrau… Mimile ?… Ducrau… Cela se disait, se répétait d’une péniche à l’autre, et les gens enjambaient des gouvernails et des passerelles, tandis que le patron du bistrot levait et abaissait les bras du noyé.

On oubliait le vieux. On ne s’apercevait même pas que, perdu parmi les jambes qui le frôlaient, il se soulevait, promenait autour de lui un regard hébété.

L’éclusier accourait. Un homme dégringolait l’escalier devant un agent.

Une fenêtre s’ouvrait au second étage de la maison haute et une femme se penchait, en rose dans la lumière rose d’un abat-jour de soie.

— Il est mort ? chuchotait-on.

On ne savait pas. On ne pouvait pas savoir. L’éclusier installait sa pompe respiratoire, et on entendait le bruit régulier de la mécanique.

Au milieu du désordre, des mots balbutiés, des ordres donnés à voix basse, des semelles qui écrasaient le gravier, le marinier se soulevait sur les mains, titubait, heurtait un voisin qui l’aidait à se lever.

C’était mou et vague, feutré, déformé comme une scène sous-marine.

Le vieux, qui tenait à peine debout, contemplait le deuxième corps comme dans un rêve et haletait, toujours ivre, l’haleine plus lourde d’alcool que jamais :

— Il m’a croché, là-dessous !

C’était aussi étrange de le voir debout et surtout de l’entendre que si c’eût été un revenant. Lui regardait le corps, la machine respiratoire, et l’eau, l’eau surtout, près de la passerelle.

— Il ne voulait pas me lâcher, le bougre !

On l’écoutait sans y croire. La jeune fille en blanc voulait lui mettre une écharpe autour du cou mais il la repoussait, il restait campé à la même place, songeur, méfiant, comme s’il se fût heurté à un problème surhumain.

— C’est venu du fond, grommelait-il pour lui-même. Quelque chose qui m’a pris dans les jambes. J’y ai donné des coups de talon, mais plus que je frappais, plus que ça s’entortillait…

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