Леонид Ливак - Жила-была переводчица
- Название:Жила-была переводчица
- Автор:
- Жанр:
- Издательство:Литагент НЛО
- Год:2020
- Город:Москва
- ISBN:978-5-4448-1328-7
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Ах, за силу, силу гордую
Я хочу тебя убить!
Ах, за волю, волю твердую
Не могу я не любить!
Обманув, опутав сказками,
В плен тебя я захвачу,
Затерзать, замучить ласками,
Истомить тебя хочу!
Но боюсь смутиться жалостью
К покоренному врагу, –
Униженьем и усталостью
Любоваться не могу.
А служить тебе не стану я –
Я – царица, не раба!
Пусть меж нами беспрестанная
Длится мощная борьба!
Этого я ему не послала. А то – написала, потому что не могла иначе.
Пожалуйста, Бамонт, повернитесь в профиль и будьте нежным, будьте ласковым, потому что я этого Вашего Брюсова ненавижу и я устала. Вам бы следовало мне писать, потому что я могу наделать глупостей. Возьмите меня в свой воздушно-лучистый дворец красоты. Ах, Бамонт, какой Вы милый, чудный! Как я рада Вам, как мне хорошо с Вами.
Тихо-тихо дремлет Лелли
Тихо-тихо льется пенье,
Словно нежный звук свирели,
Словно ветра дуновенье…
Теплый ветер… Запах моря…
Песня про дворец лучистый…
Мысли, не мятясь, не споря,
Спят в головке золотистой…
Там – на башню кто-то всходит
Под ногой дрожат ступени…
Солнце зá горы уводит
Дня трепещущие тени…
Это в сказке, только в сказке
Быстро тени пролетели…
Лелли спит, закрывши глазки…
День и ночь равны для Лелли…
Мерси, Бамонт. Я отдохнула.
29
Только что получила Ваше длинное письмо. Мой – мой – мой дорогой Бамонт! Как я Вас люблю! Вот – переписываю то, что получила и написала сегодня до Вашего письма:
Ça y est. Je suis directeur du théâtre Grévin. Salle charmante. Je suis en train de composer ma troupe. Tu n’es pas là. C’est Claire Mars, la sœur de la femme de Beaulieu qui est mon collaborateur et toi tu attends un passeport à St. Pétersbourg! Charmant!! O mon amie, mon amie, reviens. Mais tu ne comprends donc pas? Il faut que tu reviennes. Il faut que Mars te connaisse… Quand elle te connaîtra, elle ne souffrira plus. Et elle souffre parce que je crois qu’elle m’aime. Mais viens donc. Ah ça, crois-tu donc que mes lettres sont des paroles? Tu ne sais donc pas que j’ai failli devenir fou? Il faut que Mars te voie. Alors elle comprendra pourquoi tu m’aimes et pourquoi je t’aime et elle ne souffrira plus. J’ai senti tout cela. J’ai voulu lui présenter Jean. Je le lui ai présenté – et au contaraire je l’ai sentie après plus près de moi. Je peux me tromper, je le souhaite de toute mon âme. Mais je crois malheureusement avoir raison et avoir vu juste. Et je l’aime beaucoup, elle est vraie, elle est pure, elle est forte, elle est incapable de sacrifier son idéal à un sentiment d’affection étroite, elle est jeune et elle marche seule dans la vie en dehors des lois, en dehors de la famille. Il ne faut pas qu’elle souffre, n’est-ce pas? Comprends-tu maintenant – il faut que tu reviennes .
RenéAh reviens! Car je ne sais plus. Reviens, j’ai besoin de toi.
RéponseCalmez vous, calmez vous, mon ami, ne vous faites pas de mauvais sang à cause de moi! Mlle Claire Mars vous aime? Cela lui fait du bien. Aimer est toujours beau et noble et grand. Aimez-la vous-même, tant que vous pouvez. Aimez-la autant que moi, plus que moi – que puis-je avoir contre? Et ne pensez pas que je souffrirai. Je vous le répète pour la centième fois: si vous ne m’aimez plus, je comprendrai que vous n’êtes pas celui que j’aime, celui que j’aime ne peut aimer que moi, celui que j’aime restera toujours en moi-même s’il n’existe pas en dehors de moi. Je vous dirai plus – il y a des moments où je doute de vous et ces moments sont ceux où vous doutez de moi . Déjà vous dites non sans hypocrisie: «Elle est vraie, elle est pure, elle est forte, elle est incapable de sacrifier son idéal», etc. Ouf! Quel reproche mal dissimulé! Vous n’avez pas le courage de me dire bien en face que je suis une faible et une timorée? Vous croyez qu’il est plus convenable de le penser en silence? Et – pardon, si ce n’est pas indiscret – m’aimez vous, avec ça? Ou bien m’attendez vous pour faire le choix entre moi et Mlle Mars? Quel défaut a-t-elle donc? Elle n’est pas assez jolie? Toujours plus jolie que moi, je pense, car je ne le suis pas du tout, au sens propre. Il n’y a que des fous comme Balmont qui me trouvent belle.
Ecoutez, mon ami, – que ce «vous» ne vous étonne pas, il m’est venu tout naturellement et sans méchanceté. Ne cherchez point de mauvais sentiments dans ce que je viens de vous dire. Mais sachez bien que c’est l’expression vraie de ma pensée. Surtout ne m’attribuez point le ridicule de la jalousie. Je suis trop froide, trop impassible, trop amoureuse de moi-même en ce moment-ci, pour être jalouse. Et c’est avec le plus grand calme que je vous comprendrai, je ne cesserai pas d’avoir pour vous des sentiments d’amitié pure et de confiance et d’estime et vous serez – et tu seras toujours, toujours mon Bébé chéri et tu pourras toujours venir vers ta maman dans tes instants de douleur ou de lassitude.
Suis-je folle ou suis-je refroidie? Il me semble que c’eût été même mieux ainsi. En restant ton amie – je resterais toujours ta maman, ta petite sœur Thérèse… En devenant ta femme – ne deviendrais-je pas une cause de tourments pour toi? Je suis par trop extravagante, par trop indépendante, tu sais! Tiens, un exemple: Je t’aime n’est-ce pas. Et pourtant j’aime Brussoff et j’aime Balmont. Supposons que je suis ta femme. Je te dis – je vais à Moscou. Tu peux croire que tu as le droit de faire des objections? Ah mais non! Je veux être aussi libre que je le suis loin de toi. Je veux pouvoir aller à Moscou et me laisser embrasser par cet homme – s’il me faut ses baisers pour pénétrer jusqu’au fond de son âme. Je veux ma liberté… Mais t’accorderai-je la tienne bien facilement? Et si je souffre de te l’accorder? Ma souffrance nous rendra malheureux tous les deux. C’est comme ça qu’il est, mon amour. Le veux-tu? Réfléchis bien, je t’en prie. Me comprends-tu et crois-tu que je suis la femme qu’il te faut? Nous nous aimons, – mais sommes-nous faits pour vivre ensemble? Enfin, nous verrons cela lorsque je serai à Paris, n’est-ce pas?
Oh, mon Bébé, je deviens toute tendresse à la seule pensée que tu es seul et que tu as besoin d’une maman. Sais-tu pourquoi je vais à Paris? Pour savoir ce que j’ai perdu de mon français et ce que j’ai à faire pour entrer au théâtre au plus vite. Je veux voir Antoine. Après demain je vais avoir la réponse télégraphique de mon père au sujet du passeport. Je ne viendrai pas dans la pension que tu me proposes. Je veux que nous soyons complètement indépendants l’un de l’autre. Ouf! Je crois que je t’ai dit tout ce que j’avais sur le cœur. Ecris-moi davantage à propos de la salle Grévin. Et Evian alors? Je serais presque heureuse que tu n’y allasses pas car je crains que cela me ferait prendre de nouveau une position fausse entre mes parents et toi si cette affaire continue.
Ecris-moi vite, Bébé chéri, mon enfant, je t’aime. Claire – c’est joli. C’est un nom que j’adore depuis les premières lectures de mon enfance. Je voudrais l’embrasser pour son nom. Si tu l’aimes je serai sa maman aussi bien que la tienne. Je suis comme dans un rêve.
Lucy [396]Мой милый, мой Бамонт, я не знаю, я хотела бы говорить не словами, я хотела бы петь Вам свою душу. Вы боялись огорчить меня Вашим письмом. Да ведь я знала все . Знала то, что Вы думаете – и сама так думала. Сейчас – я жалею, что не написала ему, что я его не люблю. Но в ту минуту я этого не думала, да и теперь не знаю – правда ли это. Может быть, и разлюбила. Потому что я перестала чувствовать в нем силу, равную своей. Но не знаю, отсутствует ли она в нем на самом деле, или я ее просто забыла. В моей душе какой-то вихрь. Неужели все это так просто? Так искренно верила, так твердо любила – и вдруг прошло! И не жаль. И я смеюсь! Ну нет, правда, этого не может быть? Ах, да Бог с ним, увидим! Вы будете всегда со мной, да? Вы знаете, одно время, когда я Вам не писала с неделю, – вот теперь, недавно, – я думала, что я Вас люблю. Может быть. Теперь я уж ничего не знаю. Знаю только, что я кого-то люблю всеми атомами своего существа. Я устала. Сижу вот уже полчаса над этим листом и думаю. Знаете – ведь René без меня пропадет. Ведь я должна его воспитать, сделать из него то, чем он должен быть. Он обожает себя – это его болезнь. Обожает себя не в будущем, не в идеальном, а в настоящем, в обыденном. Меня он – только любит , с смутной примесью обожания. Я должна влюбить его в себя до безумия, до отречения от своей личности. В этом было бы его спасение. Но тогда – я его, значит, не люблю? Если я могу его покорить, значит, он не я. Опять я
…боюсь смутиться жалостью
К покоренному врагу,
Униженьем и усталостью
Любоваться не могу…
Даже больше – мне это противно. Будь что будет [397].
Вы, Бамонт, обещаете мне писать «мало и редко». Мило с Вашей стороны. Мне так нужен мой дорогой Бамонт. Если мне будет очень тяжело – я к Вам приеду. Катя милая. Как хорошо она пишет Вам обо мне. Я с Вами. Совсем с Вами.
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